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Titre de la source : Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en FranceAuteur(s) : Armelle Andro, Marie Lesclingand
Éditeur(s) : Institut National d'Etudes Démographiques - INED (Populations et Sociétés, n°438)
Pays d'édition : France
Année : 2007
Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en France (PDF, 392 Ko)
Combien de femmes sont affectées par la phénomène des mutilations sexuelles féminines ? Où sont-elles pratiquées, dans quelles proportions et avec quelles conséquences ?
Les deux chercheuses de l’INED à l’origine de l’étude, Armelle Andro et Marie Lesclingand, rappellent tout d’abord les nombreuses conséquences sanitaires et psychologiques liées à ces pratiques – infections, stérilité, difficultés lors de l’accouchement, angoisse, dépression –, avant de souligner que les mutilations sexuelles sont essentiellement pratiquées en Afrique subsaharienne et dans certains pays du Proche-Orient et d’Asie du Sud-Est. En Afrique, les mutilations, de l’excision partielle du clitoris à l’infibulation (suture de l’orifice vaginal), sont pratiquées dans vingt-huit pays. Mais le nombre de femmes excisées varie beaucoup selon les pays africains, relèvent les chercheuses, qui se sont appuyées sur des enquêtes nationales menées depuis les années 1990, de 1,4 % au Cameroun à 96 % en Guinée.
ENVIRON 50 000 FEMMES ADULTES EXCISÉES EN FRANCE
Bien que « la pratique des mutilations sexuelles féminines [soit] souvent présentée comme la conséquence d’injonctions religieuses, notamment de l’islam », les chercheuses indiquent que « l’excision était pratiquée en Afrique bien avant l’arrivée des religions monothéistes, et aucun texte religieux ne permet de la justifier ». « Le principal facteur du risque de mutilation est l’appartenance ethnique et non la religion, poursuivent-elles, ces pratiques s’inscrivant traditionnellement dans les rites d’initiation associés à l’âge adulte dans certains groupes ethniques. »
Les auteures relèvent cependant que la pratique recule dans la plupart des pays africains depuis quelques années, « même si les changements sont lents dans certains ». Ce recul s’explique de plusieurs façons : le degré de mobilisation des Etats – l’INED rappelant que c’est seulement depuis 2003 que les pays membres de l’Union africaine ont signé un protocole condamnant et interdisant les mutilations sexuelles –, ainsi que le niveau d’instruction des femmes.
La seconde partie de l’étude s’attache à décrire la situation en France, « une réalité liée à l’immigration des dernières années ». Si le nombre de femmes concernées en France est mal connu, les chercheuses indiquent qu’il y avait, en 2004, environ 50 000 adultes excisées. « Une politique de prise en charge sanitaire reste à définir », soulignent-elles, en rappelant qu’une étape importante a cependant été marquée récemment avec la mise au point d’un protocole de chirurgie réparatrice, remboursé par l’Assurance-Maladie. Ces opérations, pratiquées dans une dizaine d’hôpitaux et de cliniques, surtout en Ile-de-France, ouvrent la voie à la réversibilité des lésions qu’entraîne l’excision. Enfin, une enquête nationale « Excision et handicap », finalisée à l’automne 2008, permettra de mieux connaître le phénomène en France et débouchera sur des propositions pour la prise en charge des femmes mutilées vivant en France, précise l’étude.
Texte de présentation : Raphaëlle Besse Desmoulières, « Près de 140 millions de femmes excisées dans le monde », Le Monde, 23.10.2007
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