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Titre de la source : Abandon des mutilations génitales féminines : histoires collectées sur le terrainÉditeur(s) : Mise en ligne par le PRB
Année : 2009
Abandon des mutilations génitales féminines : histoires collectées sur le terrain (transcription de la discussion en ligne, sur le site du PRB)
Jusqu’à 140 millions de femmes et de fillettes du monde entier ont subi des mutilations génitales féminines (MGF), et plus de 3 millions de fillettes risquent de subir cette procédure chaque année sur le seul continent africain.
Le 4 février 2009, Molly Melching, fondatrice et directrice exécutive de Tostan, une ONG axée sur la démarginalisation des femmes, des adolescents et de leurs communautés a répondu à des questions posées sur ce sujet par des visiteurs du site Web du PRB (Population Reference Bureau). Ancienne volontaire du Corps de la Paix, Molly Melching a vécu et travaillé au Sénégal pendant 34 ans et a attiré l’attention de la communauté internationale sur son succès dans la mise en application de programmes ayant pour objet d’améliorer les conditions de vie des femmes. Par ailleurs, elle a lancé dans les communautés des campagnes prônant l’abandon des mutilations génitales féminines et cherchant à réduire la mortalité maternelle et infantile, renforcer la scolarisation et l’inscription des naissances, encourager les femmes à jouer un rôle de premier plan et mettre un terme aux mariages précoces ou forcés.
La transcription de cette discussion animée a été traduite. Le début de la discussion est présenté ci-dessous :
Q : L. Ritz : Les [mutilations génitales féminines] … sont-elles pratiquées par des gens qui viennent s’installer aux Etats-Unis ?
R : Molly Melching : Oui, cette pratique demeure même aux Etats-Unis. Les MGF représentent une convention sociale requise pour le succès d’un mariage et la respectabilité au sein d’un groupe ethnique donné, de sorte que le lieu de résidence n’a pas d’importance. De fait, nombre de gens éprouvent souvent le besoin de « prouver » qu’ils n’ont pas abandonné leurs traditions lorsqu’ils ont émigré en Occident, et ressentent même une pression accrue de continuer leurs pratiques. Il est donc essentiel d’inclure les groupes de la diaspora dans tous les efforts de sensibilisation aux MGF dans la mesure où leur influence sur les membres de leurs communautés dans leur pays d’origine est considérable.
Q : Ernest Nettey : D’après votre expérience, quelles sont les relations entre les MGF et la religion en Afrique ? Les MGF sont-elles une pratique plus courant au sein de certaines congrégations religieuses en Afrique (et de la diaspora africaine) ? Dans l’affirmative, à quoi cela est-il dû et comment peut-on impliquer les autorités religieuses dans une intervention ?
R : Molly Melching : Les gens pensent souvent que les MGF sont une pratique recommandée par l’Islam. De nombreux participants au programme de Tostan affirment qu’ils désirent abandonner la pratique mais ne peuvent le faire car il s’agit d’une obligation d’ordre religieux. Cependant, il ne s’agit pas d’une pratique requise ou recommandée par l’Islam et bien des chefs religieux connus se sont exprimés contre elle. Tostan travaille toujours en étroite collaboration avec des chefs religieux au niveau national comme au niveau local pour informer les personnes et répondre à leurs questions. Nous nous sommes aperçus qu’au fur et à mesure que de plus en plus de participants comprennent les violations des droits humains associées aux MGF et les conséquences négatives sur la santé, ils font pression sur les chefs religieux pour qu’ils s’expriment en faveur des efforts prônant l’abandon de la pratique. Nous sommes convaincus que les personnes au niveau des communautés peuvent exercer des pressions considérables sur les dirigeants (chefs religieux, personnalités politiques, autorités locales) pour qu’ils contribuent à l’abandon de la pratique. C’est la raison pour laquelle il est important de fournir une éducation approfondie et habilitante aux membres des communautés dans leur propre langue, et ces derniers exigeront par la suite une intervention de la part de leurs dirigeants.
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