Ressource
Titre de la source : Les femmes "alibis" des discours arabes officielsAuteur(s) : Asma Lamrabet
Éditeur(s) : ITRI (Institut Tunisien des Relations Internationales)
Pays d'édition : Tunisie
Année : 2009
Les femmes "alibis" des discours arabes officiels (PDF, 30 Ko)
Comment est traitée la question du statut des femmes dans les discours des politiques arabes? Quels sont les enjeux sous-jacents de cette question ? Médecin hématologiste à l’hôpital d’enfants de Rabat au Maroc, Asma Lamrabet est une intellectuelle musulmane engagée dans la réflexion sur la problématique des femmes en islam. Son article intitulé « Les Femmes « alibis » des discours arabes officiels », rédigé en décembre 2009, reste d’actualité pour comprendre le traitement politique des questions de genre/droits des femmes dans les pays arabo-musulmans.
Début de l’article :
« La question des femmes est toujours et sans conteste « le sujet central » qui anime, avec passion et non sans polémique, les débats contemporains. Il reste cependant difficile actuellement d’appréhender cette question de façon objective tant cette dernière reste d’une part, perçue à travers les prismes de l’actualité internationale et d’autre part, sujette aux enjeux politiques en cours et aux idéologies régnantes.
A un niveau international, le discours récurrent sur « les femmes musulmanes » avec leur statut juridique précaire, leur émancipation retardée, leur mise sous tutelle culturelle, leur inévitable « voile » rétrograde, induit à la nécessité symbolique de les « libérer ».
Ce « droit d’ingérence » intellectuel profondément ancré dans l’imaginaire collectif occidental fait toujours partie des préalables requis du discours politiquement correct. « Libérer les pauvres femmes musulmanes victimes de l’islam » est une formule politique qui se « vend » toujours très bien et qui témoigne, tant que faire se peut, d’une indubitable appartenance au monde de « La civilisation ».
Le monde arabo-musulman devant les différentes interpellations quant à cette question épineuse, se retrouve, le moins que l’on puisse dire, dans une posture assez inconfortable. C’est que, au delà, de la rhétorique occidentale sur cette question, qui frise parfois l’indécence et dont l’objectif est loin d’être innocent, cette question des femmes, avec son corollaire de droits juridiques comme l’égalité hommes femmes et les droits humains touche à l’un des problèmes majeurs des sociétés arabo-musulmanes : l’absence d’un véritable espace de liberté démocratique.
Débattre et promouvoir la question de l’égalité des droits entre femmes et hommes au sein d’une société, c’est promouvoir et accepter les fondements de la démocratisation politique et c’est bien sur ce déficit en démocratie que se cristallisent les échecs de la grande majorité des réformes entreprises depuis bien longtemps au sein du monde arabo – musulman, dont notamment celles qui concerne la question des femmes.
C’est ainsi que dans la plupart de ces pays, le débat oscille entre deux discours. L’un officiel légitimant une politique de tolérance et d’action « minimaliste » envers les femmes comme une caution de sa politique de modernisation tout en pérennisant sur le fond une lecture religieuse rigoriste, tandis que l’autre, représentatif d’une réalité collective musulmane, érige le « statut quo » sur la question des femmes dans les débats sur la religion, comme un étendard de sa résistance culturelle à l’occidentalisation. »
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