Ressource
Titre de la source : Genre et sexualité : PanoramaAuteur(s) : Pinar IIkkakaran, Susie Jolly
Éditeur(s) : Institute of development studies (IDS) (Kit Actu genre et sexualité )
Pays d'édition : Royaune-Uni
Année : 2007
Genre et sexualité : Panorama (PDF, 57 pages, 564 Ko)
Pourquoi le genre et la sexualité sont-ils importants pour les décideur-es, les praticien-nes et les militant-es?
La sexualité et le genre, en se combinant, peuvent beaucoup changer la vie des gens – les faire passer du bien-être au mal-être, et parfois de la vie à la mort. Les idéologies qui affirment que les femmes devraient être pures et chastes et rester vierges jusqu‘au mariage peuvent conduire à des mutilations génitales féminines, à des crimes d‘honneur, à des restrictions de la mobilité des femmes ou de leur participation à la vie économique et politique. Les idées comme quoi les hommes devraient êtres machos peuvent signifier que la violence sexuelle des hommes est attendue d‘eux plutôt que condamnée.
Les inégalités de genre et les tabous autour de la sexualité peuvent aggraver la propagation du VIH/Sida. Et 68.000 femmes continuent de mourir chaque année à cause d‘avortements illégaux (Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 2000). En beaucoup d‘endroits, pour être considéré comme un ―vrai homme‖ ou une ―vraie femme‖, il faut se comporter à cent pour cent comme un hétérosexuel et se conformer aux stéréotypes de genres. Ainsi, être lesbienne, gay, bisexuel(le) ou transgenre (LGBT) peut conduire à une marginalisation ou à la violence.
Cependant, si la sexualité a des répercussions relatives à la pauvreté, la marginalisation, et la mort, elle peut aussi engendrer plaisir, épanouissement, bien-être, et peut améliorer les relations humaines grâce à une intimité et un plaisir partagés. En réalité, le sexe peut être le lieu où les femmes échappent aux pressions liées à leur réputation, pour satisfaire pleinement leurs désirs, où les hommes laissent aller leur vulnérabilité en y prenant du plaisir, où les personnes transgenres affirment leur identité avec des partenaires qui les voient comme elles désirent être vues.
Comment défier les idéologies de genre dominantes sur la sexualité ? Comment rendre l‘épanouissement, le bien-être et le plaisir accessibles à toutes et tous ? Les droits sexuels constituent une solution. Les droits sexuels forment un cadre prometteur parce qu‘il a déjà une certaine influence qui a émergé après des années de mobilisation par les activistes de défense des droits au Nord comme au Sud (femmes, lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, transgenres, personnes vivant avec le VIH/SIDA, et travailleurs(ses) du sexe). En outre, un cadre basé sur les droits sexuels peut aider à identifier les liens existants entre les différentes questions de sexualité, et à former une alliance large et diversifiée pour qu‘un changement ait lieu. Parmi les droits sexuels, on peut trouver à la fois le droit d‘être libéré(e) de toute violence et de toute coercition dans sa sexualité, et le droit d‘explorer et de rechercher plaisirs, désirs et épanouissement.
Dans les années 90, des accords décisifs sur les droits humains relatifs à la sexualité ont été conclus au sein des Nations Unies à Vienne, au Caire et à Pékin. Depuis, tout un travail sur ces questions se poursuit au sein de différentes instances des Nations Unies. La résurgence actuelle des intégrismes religieux, qu‘ils soient chrétiens, musulmans ou hindous, rend toute activité sur les droits sexuels plus difficile. Et les conflits politiques se déchaînent toujours sur des questions qui vont de l‘avortement, à l‘abstinence, en passant par le travail du sexe.
Dans le même temps, une nouvelle pensée sur les droits sexuels émerge qui réclame des stratégies plus intégrées s‘adressant à la fois aux femmes, aux hommes et aux personnes transgenres. Les approches étroites de la sexualité qui considèrent seulement son impact sur la santé nécessitent d‘être élargies pour considérer les multiples autres façons dont la sexualité fait partie de notre vie. Et on s‘accorde à reconnaître que la lutte contre la violence sexuelle doit se poursuivre mais que nous devons aussi voir les côtés positifs et plaisants de la sexualité et s‘efforcer de les rendre plus accessibles à toutes et tous – en particulier par exemple les femmes, les lesbiennes, les gays, les bisexuel(le)s et les personnes transgenres, les personnes vivant avec le Sida (HIV) et les personnes porteuses de handicaps que les normes de genres détournent de la recherche du plaisir et de l‘épanouissement.
Pour mettre en pratique ces idées nouvelles, des initiatives stimulantes sont prises : par exemple, en Inde, où l‘on aide des femmes célibataires qui n‘ont pas la « sécurité du mariage », au Kenya où on fait la promotion du plaisir pour s‘opposer aux mutilations génitales féminines et en Turquie où on organise des sessions de formation aux droits humains qui font de la sexualité une composante intégrale de l‘autonomisation des femmes et qui incluent un module intitulé ― le plaisir sexuel, un droit humain fondamental des femmes‖. De même, des hommes sont associés aux femmes dans des actions créatives et les droits sexuels des hommes eux mêmes sont analysés. Enfin, des personnes transgenres se mobilisent pour leurs droits.
De nouvelles alliances, qui adoptent une approche intégrée de la sexualité, se forment, comme la coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés musulmanes [Coalition for Sexual and Bodily Rights in Muslim Societies], et des centres régionaux de ressources sur la sexualité sont établis sur chaque continent. De telles initiatives ont permis aux gens de voir au-delà des questions qui les préoccupent d‘ordinaire, de comprendre les connections existantes avec les autres thèmes, et d‘aller dans le sens de la constitution d‘un mouvement commun pour les droits sexuels.
Recommandations
Les institutions internationales, les gouvernements, les ONGs, les agences de développement, le mouvement des femmes, les militants des droits humains, entre autres, ont un rôle crucial à jouer pour contribuer à améliorer le bien-être sexuel, en soutenant les droits sexuels de la façon suivante :
– Reconnaître l’importance de la sexualité Reconnaître l‘importance de la sexualité et des droits sexuels dans la vie des gens. Reconnaître que la sexualité n‘est pas seulement une question de santé et de violence. Identifier les liens que la sexualité entretient avec bien-être et mal-être, richesse et pauvreté, intégration et marginalisation, et comprendre le rôle de la sexualité dans les luttes politiques.
– Adopter une approche intégrée, genrée et positive de la sexualité Reconnaître les liens entre les différentes questions de sexualité. Soutenir les approches intégrées de la sexualité qui remettent en question le genre, la race, la classe sociale, et d‘autres structures de pouvoir.
– Renforcer les mouvements unitaires de lutte pour les droits sexuels, en soutenant les alliances formées de différents types de groupes tout en s‘attaquant aux inégalités de genre et aux autres inégalités au sein même de ces groupes et entre les groupes. Adopter une approche intégrée des droits sexuels qui prenne en compte le genre et qui les rende accessibles à toutes et à tous – les femmes auxquelles on ne reconnaît pas ces droits à cause de l‘inégalité de genre, les transgenres dont l‘existence même peut être ignorée, et les hommes hétérosexuels pour lesquels on pense que tous ces droits sont déjà acquis et qui pourraient estimer qu‘ils n‘en ont pas besoin. Aller au-delà du droit à être exempt(e) de toute violence, en défendant des droits plus positifs ainsi que le droit au plaisir.
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