Côte d’Ivoire : stratégies des femmes contre la flambée des prix alimentaires

Se souvient-on des « émeutes de la faim » ? Dès octobre 2007, Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, s’indignait : «brûler de la nourriture et la transformer en carburant, c’est un crime contre l’humanité.» En 2008, le prix des céréales a flambé de 84 % en quatre mois. Si, dans les pays développés, l’alimentation dans un ménage absorbe entre 10 et 20 % des revenus, cela peut monter à 90 % dans les pays pauvres. En mars-avril 2008, en période de soudure, les émeutes de la faim se sont propagées comme une traînée de poudre, d’Egypte en Côte-d’Ivoire, du Sénégal au Burkina Faso, pour ne parler que de l’Afrique de l’Ouest. M. Silué N’Tchabétien Oumar, politologue et sociologue, expert en gestion des conflits et en genre, s’est penché sur le cas ivoirien en s’intéressant aux réactions des populations à ce renchérissement brutal des prix alimentaires.

Voici donc un article sur les stratégies déployées par les femmes pour lutter contre le coût de la vie en Côte d’Ivoire. Face à un contexte difficile, l’imagination de ces femmes s’avère être la seule solution efficace pour répondre aux besoins des familles et lutter contre la faim.

Extrait : 

« Pendant de longues années la Côte d’Ivoire passait pour être un havre de paix, mais surtout un grenier qui nourrissait une population cosmopolite de nationaux et de non Ivoiriens. L’Etat tente de lutter contre le risque d’indisponibilité des produits alimentaires. L’Etat met en œuvre une vaste politique de l’autosuffisance alimentaire qui se traduit par la création de sociétés d’Etat avec le projet SODE : Société pour le Développement des Plantations de canne à Sucre, l’Industrialisation et la Commercialisation du Sucre (SODESUCRE), Société de Développement de la Production Animale (SODEPRA), Société de Développement de la culture du Riz (SODERIZ), Société pour le Développement et l’Exploitation du Palmier à huile (SODEPALM), Société de Développement des Fruits et Légumes (SODEFEL). Mais dès le début des années 80 les premières difficultés s’annoncent. La crise économique qui traverse la Côte d’Ivoire depuis 1981 s’est aggravée dans le années 1990. Les mesures de secours impulsées par les programmes d’ajustements structurels (PAS) ne ramènent pas la sérénité économique. »