Genre et développement au Maghreb

Quelles ont été les avancées réalisées dans les pays du Maghreb dans l’accès à l’éducation et à la santé ? Quels sont les effets de ces changements sur les économies nationales ? Ce rapport de la Banque Mondiale présente un panorama du genre et développement au Maghreb.

Introduction : 

« Le trait le plus remarquable qui caractérise les trois pays du Maghreb est la proportion élevée de la population jeune (plus de la moitié a moins de 24 ans 1), ayant un assez bon niveau éducatif et réclamant des emplois. Les familles ont de plus en plus besoin d’un double revenu mais la participation économique des femmes est plus faible que ce que l’on pourrait attendre. Les trois pays ont accompli des progrès dans le domaine de l’éducation, en particulier l’Algérie et la Tunisie qui ont bien réduit les écarts entre les sexes, et augmenté les taux d’alphabétisation et d’inscription à l’école. Toutefois, au Maroc ces deux facteurs représentent toujours un défi, surtout pour les femmes.

Des études faites sur d’autres pays montrent qu’un accroissement du niveau de l’éducation est lié à une baisse de la fécondité et à une augmentation de participation économique de la femme. Alors que la fécondité a baissé en Tunisie et à un moindre degré en Algérie, l’activité économique des femmes reste beaucoup plus faible que la moyenne des pays comparables (diagramme 2.1). Ce diagramme compare aussi le Maroc à d’autres pays à revenus moyens inférieurs. Le taux le plus bas de développement humain (voir diagramme 1.1) indique que le Maroc souffre des conséquences de la faiblesse de ses indicateurs sociaux, et que tout agenda du développement doit se concentrer sur l’amélioration de l’éducation et de l’alphabétisation. Le paradoxe est plus évident en Tunisie et en Algérie, où les femmes sont qualifiées au même titre que celles des autres pays comparables, mais où elles ont un faible niveau d’activité économique. Même au Maroc, l’activité économique est plus faible que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. La jeune Maghrébine d’aujourd’hui est aussi qualifiée que le jeune Maghrébin et a besoin de travailler pour améliorer son niveau de vie ; cependant, sa faible activité économique indique la présence d’obstacles et de facteurs qui semblent décourager le travail des femmes.

Ce rapport se propose d’évaluer la capacité des hommes et des femmes du Maghreb, et d’aider à expliquer certaines causes de la faible participation des femmes à la population active. Il tente également de présenter des recommandations afin de traiter certaines questions concernant les genres (femmes et hommes) de façon à relever les défis propres à cette région. (Etant donné que le rapport de la Banque Mondiale sur l’emploi dans la région MENA traite des questions de l’emploi de manière globale, le présent document se fonde sur le rapport régional relatif au genre et au développement, intitulé Les femmes dans la sphère publique, qui se concentre sur l’emploi des femmes. Dans ce cas, l’emploi des femmes renvoie à l’emploi salarié dans l’économie formelle: ce type d’emploi comporte des avantages et la sécurité pour la vieillesse ainsi qu’une rémunération financière – éléments qui n’existent pas dans le secteur informel. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, le fait que la contribution des femmes au développement économique, dans l’agriculture et dans le secteur informel, est importante dans cette région et qu’elle mérite une étude à part et une collecte des données la concernant.

Ce document a été rédigé à l’intention de la Table ronde sur le Maghreb, dont le but est de faire participer les décideurs, les experts et la société civile au débat sur un agenda de réformes basé sur les quatre rapports régionaux de la Banque Mondiale sur MENA, rapports relatifs à l’emploi, au commerce, au genre et à la gouvernance. »

Jeunes filles en cours de littérature. Makthar.
1/Jan/1990. Makthar, Tunisie. UN Photo/Sanjeev Kumar / Flickr (c.c)