Ressource
Titre de la source : Femmes et économie : quels enjeux ? Pratiques économiques solidaires : entre résistance et justice socialeAuteur(s) : Isabelle Guérin
Éditeur(s) : Chantier femmes et économie
Année : 2005
Femmes et économie : quels enjeux ? Pratiques économiques solidaires : entre résistance et justice sociale (PDF, 452 Ko)
Comment créer les bases d’un nouveau paradigme mettant l’économique au service de la solidarité ? Cette synthèse, largement inspirée des travaux du chantier « Femmes et économie » du Pôle socio-économie solidaire, se propose de répondre à cette question en articulant la mise à plat des résistances structurelles rencontrées par les femmes porteuses d’initiatives d’économie solidaire et la recherche de pistes de justice sociale.
Renforcer les passerelles entre politique et économique, insister sur l’importance du local, accélérer l’accès aux droits, déconstruire l’opposition production/reproduction, valoriser les initiatives, en font partie. La poursuite du travail sur l’élaboration d’indicateurs de richesse incluant le genre permettrait également d’affiner la nécessaire entreprise de valorisation de ces initiatives.
Toutefois, en Inde, au Pérou, en France, ou dans des secteurs comme la micro-finance, les expériences se caractérisent par leur multiplicité, mais témoignent du paradoxe entre la nécessaire action collective pour repenser la lutte contre les inégalités et la vigilance à observer en matière de manipulation et d’exotisme occidental.
Résumé :
Alors que les inégalités hommes/femmes font preuve d’une résistance remarquable, de nombreuses initiatives locales animées par des femmes mêlent actions économiques et solidarités en vue d’un accès plus juste aux droits économiques, sociaux et politiques de base. En dépit de leurs faiblesses – faiblesses qui sont d’ailleurs très largement le fruit de leur invisibilité, d’inégalités d’accès aux ressources et de l’inadéquation des cadres réglementaires et des procédures classiques d’accompagnement de projets – ces initiatives jouent un rôle essentiel en palliant les lacunes et parfois l’absence de justice sociale. Il est donc impératif et urgent de reconnaître ces initiatives à leur juste valeur afin de leur donner les moyens d’exercer pleinement leurs potentialités. Modifier les rapports de force et de pouvoir à l’échelle globale et assurer le respect des droits sont évidemment deux priorités. Mais face à l’inertie des normes sociales et à l’ampleur des résistances locales – que l’on a souvent tendance à sous-estimer –, leur mise en œuvre ne peut être effective que relayée et portées par des initiatives ancrées dans les territoires vécus. Le rôle de ces initiatives consiste à identifier et contextualiser les besoins, puis à les exprimer et les porter sur la scène publique. D’abord à l’échelle locale – cette étape suppose déjà des efforts souvent laborieux et interminables de concertation, négociation, tractations – et parfois à l’échelle nationale voire internationale. On observe également que nombre de ces initiatives socialisent une partie des activités de « reproduction » traditionnellement assurées par les femmes. L’étape suivant consisterait à «dénaturaliser» le caractère sexué de l’opposition production/reproduction, lequel explique aussi en large partie les inégalités de genre. Cette dénaturalisation permettrait non seulement de reconnaître à sa juste valeur la contribution des femmes à la production de richesse, mais aussi de rompre avec le paradigme hyper-individualiste et matérialiste avec lequel nous vivons aujourd’hui. Le défi vaut d’être lancé : c’est la capacité de nos sociétés actuelles à penser la lutte contre les inégalités, quelles qu’elles soient, et à imaginer de nouvelles formes de solidarité, qui est en jeu.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.