De nombreuses et très intéressantes initiatives intégrant le genre dans la lutte contre le changement climatique se développent dans les pays francophones. Elles souffrent néanmoins d’un manque de documentation et sont à ce jour à un stade embryonnaire.
Aussi, alors que la majorité des Etats francophones inscrivent le genre dans les textes de leurs ordres du jour de lutte contre le changement climatique, les résultats sont presque insignifiants.
La question est alors de savoir quelle en est la cause. Il n’y en a certainement pas qu’une.
En Afrique de l’Ouest et Centrale, la principale raison est à trouver du côté du système de gouvernance qui est décentralisé. Si bien que les moyens alloués aux questions de genre pour le changement climatique ne sont pas gérés au niveau de l’Etat mais au niveau des collectivités locales. Or, les régions, et encore moins les communes, ont peu de moyens financiers et surtout n’ont pas de moyens humains dédiés au genre, c’est-à-dire que les personnels ne sont pas formés en genre et par conséquent ne mettent que très rarement le genre comme une priorité dans les programmes de lutte contre le changement climatique, y compris ceux liés à l’urgence. Au mieux, le genre est ajouté. Dans les Caraïbes ou en Asie-Pacifique, la raison est à chercher dans l’influence conjointe de l’extrême pauvreté et des faibles priorités données à l’intégration du genre dans les politiques de lutte contre le changement climatique. Enfin, sur tous les continents, la documentation sur l’intégration du genre, ses objectifs, les processus de mise en place, la mesure de ses impacts et résultats, sur des exemples de bonnes pratiques ou des travaux de recherche, sur des analyses spécifiques au contexte francophone, manquent.
Par ailleurs, les leçons retenues et les bonnes pratiques en matière de genre et changement climatique, et de genre plus généralement, à l’échelle internationale, viennent historiquement de continents, de pays, de régions, plus avancées dans le processus de publication sur la réflexion et la mise en oeuvre de l’intégration transversale de genre dans les politiques. Et ces réflexions et mise en oeuvre restent aujourd’hui à confronter au contexte francophone. Elles ne peuvent pas être facilement appropriables. Elles demandent à être transformées. Elles ne peuvent pas intrinsèquement être plaquées comme modèles. Elles doivent être confrontées aux spécificités historiques et géopolitiques des pays francophones. Elles requièrent notamment des informations de la part de praticiennes et de militantes de terrain, processus qui n’est qu’à son commencement.
Ensuite, en Afrique notamment, les modes de mobilisation des femmes sont différents, plus difficiles, souvent de plus en plus déterminés par l’aggravation des situations de conflit, par l’accélération de l’urgence, ainsi que les systèmes d’institutionnalisation du genre, ce qui demande à être pris en compte dans le domaine du changement climatique. En effet, les contextes socioculturels et économiques prégnants ne favorisent ni l’intégration du genre dans les programmes d’adaptation au changement climatique, ni l’analyse genrée des impacts des programmes, la plupart desdits programmes étant mis en place dans des zones d’accélération cyclique de la paupérisation dus au changement climatique.
Cette partie de la Boîte à outils présente trois études de cas qui illustrent la façon dont le genre a été intégré dans des programmes de lutte contre le changement climatique au Niger, au Sénégal et en République démocratique du Congo. Elle éclaire sur les regards posés à travers l’intitulé « genre et changement climatique » sur aussi bien la participation, le soutien institutionnel et technique face à la pauvreté et le pouvoir collectif des femmes. Cette partie inclut également un panorama des initiatives citoyennes et de recherche au Canada, avec la liste des contacts utiles.
Nous remercions les personnes contactées au sein des organisations qui ont donné leur temps pour répondre à l’ensemble de nos sollicitations et pour fournir les informations dont nous avions besoin afin de rendre compte des initiatives décrites dans cette partie. Nous remercions en particulier Salimata Diatta Coly, de l’ONG ENDA Pronat au Sénégal, Yasmine Diagne, Hortense Gbaguidi et Jean-Philippe Thomas de l’ONG ENDA Energie au Sénégal, Annie Matundu, de l’association AFEBAF en République démocratique du Congo, Gouzaye Yahaya, de l’ONG Développement pour un Mieux Etre (DEMI-E) au Niger et Denise Proulx, de GaiaPresse au Canada.
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