On pourrait aisément conclure que le Rapport d’information énergétique du Sénégal de 2010 est aveugle au genre. Toutefois, parce qu’il porte entre autres sur les bilans énergétiques des ménages, la politique de butanisation du gouvernement (équipement des foyers en réchauds à butane et bouteilles) et l’accès des populations aux services énergétiques, il fait implicitement référence aux besoins et rôles différenciés des hommes et des femmes vis-à-vis de l’accès à l’énergie.
En effet, au Sénégal, la crise énergétique est en particulier analysée à travers deux axes conjoints : la satisfaction des besoins des ménages, domaine socialement alloué aux femmes, et la lutte contre la désertification. Et la généralisation de l’utilisation du gaz butane est l’une des réponses que l’Etat prospecte depuis le début des années 1970 afin de mener ces deux politiques d’adaptation de front. En 2009, grâce à d’importantes subventions, le butane et le GPL se substituaient à hauteur de 9,1 % à la biomasse (le bois pour le chauffage et le charbon de bois) ce qui a permis de préserver 50 605 hectares de forêt. Cette politique d’adaptation au changement climatique, dite de butanisation, en évitant de replanter des arbres, a généré des économies au niveau national à hauteur de 16,5 milliards (25 millions d’euros) par an.
Par ailleurs, grâce à ces programmes de butanisation, les femmes ont gagné du temps, ayant moins à nettoyer la suie laissée par les fumées liées à l’utilisation du bois et du charbon mal carbonisé. Elles en ont fait profité leur environnement restreint ou plus large, l’espace occupé étant plus propre, plus sain, les gaz nocifs ou à effets de serre émis, disparaissant peu à peu. En gagnant du temps, elles ont pu mener des activités productives et génératrices de revenus, ce qui les a autonomisé. Ce temps libéré a également permis à leurs filles de ne plus être contraintes à aider leurs mères dans les tâches liées à la collecte du bois. Elles ont gagné en scolarisation. Dans l’ensemble, le développement d’activités économiques et éducation des jeunes filles, va dans le sens de la réduction de la pauvreté.
Quelques pistes à suivre
Même si le rapport n’en fait pas mention, en tant que politique d’adaptation au changement climatique réussie, la butanisation demanderait à être généralisée au milieu rural afin que les femmes des villages, qui comptent parmi les plus pauvres, ne continuent pas à être pénalisées par la lourde charge de la collecte du combustible. Cette généralisation consisterait à davantage consulter les femmes, qu’elles soient en milieu urbain, périurbain ou rural, afin de prendre en compte leurs besoins énergétiques dans la conception des stratégies nationales, et permettrait ainsi de développer une véritable politique énergétique nationale intégrant le genre.
Rapport 2010 du Service d’information énergétique du Sénégal, ministère de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie
Pour de plus amples informations, veuillez prendre contact avec : Amadou Bamba DIOP, coordonnateur du Système d’information énergétique du Sénégal (SIE-Sénégal), ministère de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, bambinodiop@yahoo.fr.
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