Les études de cas réalisées en Colombie, en Inde et en République démocratique du Congo (RDC) permettent d’isoler trois modes d’action pour l’adaptation ou l’atténuation du changement climatique avec une perspective de genre sur trois continents : l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique. Elles identifient des approches innovantes selon des stratégies contextualisées. L’ensemble présente des points communs et des spécificités. Ces similitudes et singularités forment richesse à valoriser.
Les similitudes aux trois études de cas forment un bien commun qui fait à la fois richesse et obstacle. Dans les trois pays, les organisations décrivent une aggravation des contextes écologique, économique, social ou politique : la pauvreté augmente, la corruption se développe, les moyens publics s’affaiblissent, l’écologie est de plus en plus menacée…
Les organisations interrogées sur les trois continents s’accordent sur le constat que les femmes sont encore exclues des lieux de prises de décision alors qu’elles sont responsables de la gestion du foyer. Elles forment le socle de la survie quotidienne et en cela sont facteurs de richesse des pays. Les trois organisations font le même constat d’aveuglement de genre des politiques d’adaptation et d’atténuation au changement climatique aux niveaux local ou national. Toutes expriment la ferme volonté de transformer les politiques nationales et sont pour cela engagées dans la promotion de la connaissance, l’éducation, l’information, unanimement considérées comme indispensables au changement.
Afrique : des obstacles sources d’innovation
L’exemple congolais montre l’efficacité des stratégies d’alliance et d’action des organisations de femmes qui entrevoient l’adaptation et l’atténuation au changement climatique comme un système tant économique que politique et social.
Dans ce système complexe et multiforme et sur un continent particulièrement touché par la pauvreté, les femmes, socialement dédiées à la gestion de l’urgence (incluant les violences post-conflits), sont les premières à être confrontées à la recherche de solutions y compris de façon anarchique. Aussi quand elles se rassemblent en organisations, souhaitent se former, transmettre des informations, s’autonomiser économiquement en créant leur propre exploitation agricole ou forestière, créer des lieux de plaidoyer auprès des élu-es, elles organisent la paix sociale au niveau local. Elles font alors le lien entre action sur le terrain du privé et action sur le terrain du public. Elles assurent le relai entre Etat et populations, ce qui simplifie l’action du gouvernement et de ses institutions.
Côté Etat, les récents accords de Cancun (2010) ont permis de sceller des politiques genre et changement climatique.
Depuis, les décideur-es politiques sont unanimes pour, dans les années à venir, produire des données désagrégées par sexe, genrer les évaluations des politiques, reconnaître les responsabilités différenciées des hommes et des femmes relativement à la propriété foncière. Ils se sont également engagés à mettre en place des formations de genre adaptées ciblant les négociateur-trices nationaux-les et à joindre leurs efforts à ceux des organisations de la société civile et notamment des organisations locales de femmes.
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