Alors que l’Agriculture urbaine et périurbaine (AUP) constitue au Sénégal une contribution essentielle à la sécurité alimentaire dont la fourniture de légumes frais, on assiste à Dakar à sa mise en péril due aux impacts du changement climatique: diminution de la qualité de l’eau et des sols, augmentation des températures, réduction des précipitations.
Ces impacts, qui ne sont pas neutres au genre en raison des rôles sociaux alloués aux femmes et aux hommes – les femmes sont par exemple en charge de la collecte quotidienne de l’eau et les hommes socialement dévolus au statut de chefs de famille sont plus tentés par l’appât du gain –, se doublent de l’empiètement urbain, de la spéculation foncière et de l’aggravation de la pollution industrielle, croisés avec les inégalités classiques de 46 genre: les femmes n’ont pas le droit à la propriété foncière, ne sont pas consultées dans la prise de décision, sont les plus touchées par la pauvreté.
Globalement, dans l’AUP, les chefs d’exploitation sont très majoritairement des hommes, les femmes ne pouvant légalement être propriétaires. En revanche, leur rôle traditionnel les cantonne à être des agricultrices de subsistance et les productrices de nourriture pour toute la famille. Elles forment ainsi un maillon intermédiaire entre producteurs et détaillants et subissent la loi de l’offre et de la demande. Elles ne bénéficient d’aucun financement adapté à leur situation d’intermédiaires et quand ces financements existent elles sont confrontées à des difficultés pour trouver les garanties exigées par les financeurs.
Pourtant, elles assurent la distribution et la commercialisation des produits agricoles sur les marchés urbains et ruraux. Elles développent des stratégies d’adaptation en optant pour les cultures hors-sol dont le micro-jardinage (cultures de légumes ou de fleurs dans des caisses en bois à l’intérieur des maisons) ou en renforçant des systèmes de résilience en gérant collectivement des poulaillers collectifs, réduisant ainsi la pauvreté en fournissant une nourriture saine et nutritive à leur environnement proche.
Quelques pistes à suivre
Loin d’être en oeuvre, les stratégies d’adaptation des autorités locales et des agriculteurs dakarois devraient inclure tant les aspects environnementaux que de genre. Cela demande entre autres de soutenir techniquement et financièrement les femmes qui achètent aux producteurs, transforment et vendent des produits agricoles aux consommateurs. Cela permettrait de renforcer le Cadre de concertation interurbain autour de l’Agriculture urbaine et d’assurer ainsi la sécurité alimentaire. Enfin, ces stratégies devraient s’engager à consulter les femmes actrices de ces stratégies, en tant que véritables expertes de l’adaptation, afin qu’elles puissent pleinement s’autonomiser et par voie de conséquence décupler les effets de l’adaptation.
Khouma Mamadou, Badiane Yacine Ndour, Ndong Marie-Sophie, Dial Mouhamadou L., Diagne Mohamed Oumar, Fall Jean-Pierre Yvon, Niang Idy, Niang Youga, janvier 2012 (première version). Agriculture Urbaine et Changement Climatique. Cas de la région de Dakar
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