6.1. Conclusions
Le « changement climatique » est devenu un enjeu et une préoccupation centrale des programmes politiques nationaux et internationaux. Les implications environnementales et humaines de nos modes de vie à intensité carbonique croissante sont enfin prises au sérieux, et des mesures mondiales sont adoptées pour atténuer l’aggravation des effets néfastes et s’adapter aux changements qui sont déjà en train de se produire. Ces mesures ont impliqué la mobilisation de ressources financières considérables et l’investissement de temps et d’argent dans de nombreuses conférences, négociations internationales et recherches scientifiques. Cependant, dans le cadre de la reconnaissance grandissante de la nécessité d’action en matière de changement climatique, les populations les plus touchées par les mutations radicales des régimes climatiques et l’augmentation du nombre de catastrophes liées au climat sont mises de côté. L’emphase disproportionnée mise sur les solutions technologiques a fait que les savoirs et les expériences de ceux qui font face au changement climatique au quotidien, souvent dans des pays en développement, ne sont pas pris en compte ou ignorés. Cela s’ajoute aux déséquilibres de pouvoir à l’échelle internationale où les voix et intérêts des pays en développement sont éclipsés par les pays industrialisés du Nord et les pays à l’industrialisation rapide, comme la Chine et l’Inde.
Par conséquent, le changement climatique continue de constituer un facteur-clé de l’aggravation de la pauvreté sous différentes formes, alors que les politiques comme la privatisation de l’eau et la REDD capitalisent sur la raréfaction des ressources de sorte qu‟elles subordonnent davantage les personnes les plus pauvres. Les femmes comme les hommes vivent la pauvreté due au climat, mais les inégalités de genre dans la répartition des ressources, des droits, des opportunités et du statut social, associées au fardeau des tâches non rémunérées de Care56 et d’autres responsabilités genrées font que les femmes en tendance à être les plus affectées. Les impacts sur les femmes sont multiples et sont exacerbés par ces inégalités existantes et les accentuent davantage. Leur bien-être global est sérieusement sapé par les responsabilités quotidiennes, telle la collecte d’eau qui devient toujours plus stressante et chronophage. Les moyens de subsistance sont menacés, et l’agriculture devient un défi toujours plus dur. Les femmes sont rarement en mesure d’accéder au crédit, à la terre ou aux technologies qui leur permettraient de trouver des solutions aux problèmes qu‟elles rencontrent. La santé est menacée, vu que les femmes et filles souffrent disproportionnellement de malnutrition et d’autres maladies liées à la sous-alimentation et au manque d’approvisionnement en eau potable. De plus, la vulnérabilité des femmes et des filles est accrue sur fond de catastrophes et de conflits liés au climat, non pas qu’elles soient intrinsèquement plus vulnérables, mais parce qu’elles ont souvent moins accès aux connaissances et aux compétences qui pourraient leur permettre d‟être autonomes dans de telles situations.
Les femmes peuvent être confrontées à une vulnérabilité accrue face au changement climatique, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient des victimes impuissantes. Comme nous l’avons démontré dans le présent rapport, les femmes apportent des solutions innovantes face au défi du changement climatique, en utilisant leurs connaissances des conditions locales pour s’adapter à des situations instables et complexes et pour développer des stratégies d’atténuation. Des initiatives de la société civile permettent de renforcer leur capacité à s’engager dans ces voies et à mettre le doigt sur des problèmes spécifiques liés au climat ainsi que sur les solutions à y apporter. Pourtant, les voix des femmes et leurs analyses de la situation sont largement écartées des négociations nationales et internationales relatives au changement climatique ainsi que de la prise de décision communautaire et domestique. Ainsi, elles n’ont que peu d’occasions d’articuler leurs besoins et préoccupations spécifiques, ce qui fait que les politiques sont aveugles au genre et bornées et seront moins efficaces pour atténuer et réduire les impacts du changement climatique puisqu’elles ne parviennent pas à prendre en compte les réalités locales et peuvent même accentuer les inégalités de genre. Pourtant, l’accroissement de l’équité de genre dans la prise de décision quant au changement climatique n’est pas seulement nécessaire en termes d’efficacité : les femmes ont également le droit de participer aux processus à tous les niveaux qui affectent leur vie et leurs moyens de subsistance.
Les cadres, telle la CCNUCC, se sensibilisent progressivement au genre, mais ne font trop souvent « qu’ajouter le genre » aux politiques et accords existants qui sont fondamentalement aveugles au genre. En outre, les « questions de genre » ont tendance à être assimilées aux « questions de femmes ». Le développement de politiques répondant aux besoins spécifiques des femmes est crucial, mais cela ne doit pas être confondu avec l’adoption d’une approche sensible au genre.
Comme nous l’avons soutenu dans ce rapport, à moins que l’on ne prête attention aux multiples liens entre l’inégalité de genre et le changement climatique, les politiques relatives au changement climatique continueront d’être lacunaires en tenant superficiellement en compte des besoins de tous, mais en privilégiant en fait le point de vue des hommes.
Les politiques d’atténuation sont les plus révélatrices de ce manque de focalisation sur les dimensions de genre, leurs solutions fondées sur le marché excluant intrinsèquement les femmes et ajoutant souvent encore des inconvénients en attribuant une valeur monétaire à des ressources préalablement « gratuites » qui permettent aux femmes de produire des moyens de subsistance. Un corpus de recherches grandissant a mis en avant que de tels mécanismes peuvent accentuer les inégalités de genre existantes et menacer la justice sociale, l’accès des femmes aux marchés et au capital d’investissement étant limités par des facteurs sociaux, culturels et économiques qui font qu’elles ne bénéficient que rarement des instruments financiers fondés sur le marché de manière identique aux hommes (Alber 2011). Ces inégalités sont reproduites à l’échelle mondiale, lorsque l’on s’attend à ce que les pays en développement se chargent de l’atténuation pendant que les pays riches s’achètent le droit de poursuivre leurs pratiques non durables. En outre, par leur manque de flexibilité et leurs critères, les fonds climatiques sont largement inaccessibles aux pays en développement, à plus forte raison aux initiatives à petite échelle, à la base.
En réponse, ce rapport est un plaidoyer en faveur des approches centrées sur les populations face au changement climatique, qui placent les femmes et les hommes dans leurs relations l’un à l’autre au cœur de notre compréhension du changement climatique et des réponses à y apporter. Il souligne que les politiques et interventions relatives au climat doivent être le reflet des différents besoins et perspectives des femmes et des hommes qui vivent les effets du changement climatique et y apportent des réponses au quotidien. Il affirme la nécessité d’une approche qui fait le lien entre les objectifs internationaux liés aux émissions de gaz carbonique et les besoins à la base et qui tire des leçons des solutions apportées par les communautés et les soutient en vue de s’adapter et d’atténuer le changement climatique en impliquant les femmes et les hommes en qualité de partenaires égaux.
Ce rapport souligne un point important : les politiques sensibles au genre relatives au changement climatique nécessitent l’intégration des dimensions de genre dans chacun des quatre domaines du plan d’action de Bali (l’adaptation, l’atténuation, les technologies et le financement), non pas en « ajoutant les femmes » dans des accords et cadres prédéfinis, mais en les faisant reposer dès le départ sur une compréhension des relations de pouvoir de genre.
Ce rapport soutient que l’égalité de genre constitue à la fois une condition fondamentale à une adaptation et une atténuation durables et efficaces et une éventuelle fin en soi. Il souligne que les politiques portant sur le changement climatique doivent faire la promotion de l’autonomisation des femmes en développant leur capacité à identifier et répondre aux effets du changement climatique et en s’assurant qu’elles s’impliquent de manière égale dans la fourniture d’informations aux politiques et aux programmes relatifs au changement climatique à tous les niveaux. Il souligne également que le changement climatique et les réponses à y apporter fournissent une opportunité unique de transformation sociale et de genre, en remettant en question les causes sous-jacentes de l’inégalité et de l’injustice en tant que partie intégrante d’approches centrées sur les populations. Ce rapport fournit des exemples d’initiatives dans différents pays qui apportent des solutions au changement climatique de manières localement pertinentes et constituent des facteurs de changement en termes de genre, qui inspireront ceux qui participent à l’élaboration de politiques et programmes relatifs au changement climatique.
6.2. Recommandations
À l’attention des responsables politiques chargés du changement climatique à l’échelle nationale et internationale.
- Faire pression pour un engagement politique renforcé en faveur de l’égalité de genre: pour que la transformation intervienne, l’engagement politique pour l’égalité de genre est requis aux plus hauts niveaux des institutions internationales telles que la CCNUCC, la Banque mondiale et les fonds multilatéraux et bilatéraux qui dominent actuellement l’architecture financière mondiale du climat, des gouvernements faisant la promotion de stratégies nationales, telles que les PNACC et les MAAN, en descendant jusqu’au niveau des organisations communautaires impliquées dans la mise en œuvre des interventions locales. Il est également essentiel que l’engagement politique en faveur de l’égalité de genre soit plus ferme à l’échelle nationale, dans les pays du Nord et du Sud.
- Plaider pour une participation accrue des femmes au sein des institutions et des processus ayant trait au changement climatique: outre la pression exercée pour un engagement politique renforcé en faveur des principes de l’égalité de genre, il est essentiel de militer pour une présence accrue des femmes aux tables de négociation, qu’il s’agisse de réunions internationales, comme les CdP, ou de dialogues nationaux et régionaux relatifs au 94 changement climatique. Les donateurs doivent également donner l’exemple en assurant une consultation adéquate des parties prenantes féminines comme masculines, et en s’assurant que leurs programmes reposent sur la participation et les contributions des femmes et des hommes.
- Mener des audits de genre institutionnels afin d’identifier les structures et processus aveugles au genre: les audits sociaux et de genre aident à évaluer la mesure dans laquelle les institutions et l’architecture ayant trait au changement climatique sont aveugles au genre. Par exemple, un audit de genre permet d’évaluer si les ressources sont accessibles de manière égale à toutes les parties prenantes, hommes comme femmes, et si elles répondent aux besoins et profitent à égalité aux femmes comme aux hommes.
- Mettre en œuvre une budgétisation sensible au genre afin de s’assurer que la planification, la programmation et la budgétisation contribuent à l’instauration de l’égalité de genre et au respect des droits des femmes.
- S’assurer que toutes les politiques reposent sur des principes de droits humains: une approche fondée sur les droits serait en mesure de modifier la perspective en direction d‟une formulation des enjeux du changement climatique plus équitable et centrée sur les populations.Les droits humains, y compris les droits des femmes, peuvent améliorer notre compréhension et nos réponses face au changement climatique. Le cadre international actuel mis en place pour faire face au changement climatique se verrait développé et renforcé en s’inspirant des instruments de droits humains existants, comme ceux de la CEDEF et des conventions internationales relatives aux droits humains, afin d’intégrer des principes plus marqués d’autonomisation des femmes et de promotion de l’égalité de genre.
- Retenir les leçons retenues des approches sensibles au genre et centrées sur les populations au niveau local et les intégrer dans les politiques nationales et internationales. Des innovations bourgeonnent dans de nombreux pays, à l‟initiative de communautés locales, d’individus et d’OSC. Plutôt que de les considérer comme trop spécifiques pour être applicables aux échelles nationale ou internationale, il est essentiel de comprendre le message que portent ces initiatives : les réponses seront efficaces, durables et équitables en termes de genre seulement si elles tiennent compte du contexte environnemental et socioculturel local.
- Faire le lien entre les démarches d’atténuation et d’adaptation: il existe un besoin pressant de reconnaissance et de renforcement des corrélations entre les stratégies d’atténuation et d’adaptation. Des politiques plus synchronisées d’atténuation et d’adaptation sont nécessaires pour refléter les besoins des femmes et des hommes pauvres du Sud en sources d’énergie et en capacité d’adaptation au changement climatique. Une plus grande harmonisation entre atténuation et adaptation est également cruciale pour s’assurer que les efforts d’atténuation et de réduction des émissions de gaz carbonique sont compatibles avec les efforts pour aboutir à la justice de genre et pour permettre d’autres avancées, comme l’autonomisation économique des femmes.
- Promouvoir des alternatives aux réponses fondées sur le marché: dans la mesure du possible, des approches alternatives d’atténuation et de financement lié au climat doivent être recherchées ; celles-ci ne doivent pas exclure les femmes ou accentuer les inégalités de genre, reproduire ou se reposer sur des inégalités entre les pays développés et en développement. Si des approches fondées sur le marché sont utilisées pour aborder l’atténuation du changement 95 climatique, des mesures sont requises pour s’assurer qu’elles n’excluent pas et ne défavorisent pas davantage les femmes et que les femmes et les hommes en bénéficient à égalité.
- Dépasser les généralisations qui placent les femmes et les hommes dans deux groupes polarisés. Ces stéréotypes n’aident pas à saisir les réalités complexes, où les femmes comme les hommes sont vulnérables aux effets du changement climatique et, très souvent, sont également des acteurs de la gestion des réponses à ce changement. S’il est vrai que le changement climatique a aggravé la vulnérabilité de nombreuses femmes et accru leur degré de pauvreté existante dans de nombreux cas, il est important de considérer ce problème sous un angle social, au carrefour de processus sociaux, économiques et politiques qui empêchent les femmes de faire pleinement valoir leurs droits, plutôt que comme une caractéristique inhérente au fait d’être une femme. Une approche de vulnérabilité sociale peut être utile pour replacer les problèmes dans leur contexte.
- Assurer un environnement porteur: toute transformation de processus globaux ayant trait au changement climatique doit être étayée par des réformes politiques et législatives aux échelles nationale et locale qui doivent traiter des inégalités de genre, comme l’absence de droits de propriété des femmes et l’accès inégal aux ressources, telle la terre.
À l’attention des donateurs.
- Faire la promotion de la capacité nationale en termes de genre et changement climatique: les donateurs doivent s’appuyer sur leur expérience de travail en partenariat avec les gouvernements du Sud pour promouvoir le dialogue politique relatif à l’égalité de genre ainsi que renforcer les systèmes nationaux dédiés au recueil et à l’analyse de données désagrégées par sexe. Ils doivent en outre développer la capacité de ces gouvernements à intégrer une approche plus sensible au genre et fondée sur les droits dans le cadre des politiques relatives au changement climatique aux niveaux national et local.
- Investir dans la recherche et la collecte de preuves ayant trait à l’égalité de genre: les donateurs doivent reconnaître la valeur des données et preuves intégrant le genre concernant le changement climatique. Ils doivent reconnaître l’importance de la compréhension des différents impacts du changement climatique sur les femmes et les hommes ainsi que les impacts de genre des politiques liées au climat. Cela signifie qu’il faut attribuer suffisamment de ressources à la collecte d’informations qualitatives et quantitatives solides et claires ainsi qu’investir dans une formation au genre systématique et dans le développement des capacités des institutions pertinentes du Nord et du Sud. Il est également fondamental d’aider au développement d’indicateurs de genre clairs destinés à la surveillance et à l’évaluation de toutes les politiques d’adaptation et d’atténuation.
- Faire pression en faveur de mécanismes de financement plus sensibles au genre: il est urgent d’intégrer une perspective de genre dans le financement climatique au vu des nouveaux fonds qui voient le jour et des mécanismes de financement en perpétuelle évolution. Les donateurs doivent s’assurer que des priorités d’égalité de genre et d’équité sociale sont incluses sous forme de moteurs-clés du financement lié au changement climatique. Il est essentiel d’établir des mécanismes clairs pour l’intégration de dimensions de genre dès le commencement afin de garantir des procédures opérationnelles efficaces et sensibles au genre et d’inclure des 96 indicateurs de genre clairs en matière de conception, de mise en œuvre et de surveillance de tous les fonds ayant trait au climat, qu’ils visent l’atténuation ou l’adaptation.
- Retenir les leçons et faire appel aux outils existants afin d’intégrer le genre: les donateurs pourraient appliquer les leçons de l’intégration du genre dans des programmes de développement durable avec pour objectif de trouver des points d‟entrée-clés pour l’intégration des problèmes de genre dans de nouvelles politiques relatives au climat et de nouveaux mécanismes de financement. Un certain nombre d’outils existent déjà. Ils servent à l’intégration du genre dans des plans de développement, que ce soit au travers des budgets genre, des quotas de financement de genre, des analyses de genre portant sur la conception de projets et de programmes, de cadres responsabilisants en termes de genre ou d’indicateurs sensibles au genre servant à la surveillance et à l’évaluation.
- Encourager l’innovation et de nouvelles initiatives pilotes: les donateurs doivent identifier des opportunités d’innover et de nouvelles initiatives qui pourraient permettre d’intégrer le genre avec brio dans des politiques liées au changement climatique. Par exemple, ils doivent faire la promotion de nouveaux travaux innovants dans des domaines comme la protection sociale adaptative, qui reposent sur les leçons tirées de la protection sociale, de la prévention des risques de catastrophes naturelles et de l’adaptation et offrent l‟opportunité de traiter les causes profondes et structurelles de la vulnérabilité face au changement climatique et d’acheminer les ressources vers les groupes les plus vulnérables pour leur permettre de développer des moyens de subsistance plus résilients. Ils doivent également acheminer plus de ressources vers les organisations qui travaillent à l’échelle locale à la sensibilisation et à la résilience face au changement climatique et vers la promotion d’une plus grande sensibilité au genre de telles initiatives.
- Faire pression pour une plus grande cohérence politique: les donateurs doivent assurer une plus grande cohérence au sein des programmes d’aide ainsi qu’entre les politiques visant l’atténuation et l’adaptation afin d‟assurer une approche plus intégrée et sensible au genre face au changement climatique. De plus, il doit impérativement exister une cohérence avec d’autres domaines politiques comme le commerce, la finance et le transport, afin de s’assurer que les décisions politiques prises dans ces domaines n’ont pas pour effet d’annuler le progrès apporté par des réponses mobilisées face au changement climatique aux échelles mondiale et nationale.
- Assurer un financement adéquat des activités liées au changement climatique: Il est important que l’investissement dans l’adaptation et l’atténuation soit considéré comme venant s’ajouter à celui dans le développement durable et financé à partir de nouvelles sources au-delà des engagements existants de l’APD. Sinon, il risque d’y avoir diversion des fonds de l’APD vers le changement climatique, entraînant une réduction du financement des travaux sur les droits et l’autonomisation des femmes (Ayers et Huq 2008).
À l’attention des OSC et des ONG.
- Renforcer les capacités des femmes, notamment à l’échelle locale: une plus forte concentration sur l’autonomisation des femmes est requise, notamment à l’échelle locale, afin qu’elles participent au dialogue et à l’élaboration de politiques aux niveaux communautaire, national, régional et international. De nombreuses OSC et ONG contribuent déjà à cet objectif en 97 partageant des informations sur le changement climatique et en s’assurant que les femmes et les hommes accèdent aux ressources et aux connaissances nécessaires au développement de réponses efficaces, participent à des programmes abordant le changement climatique et se fassent entendre aux échelles nationale et internationale. Les donateurs doivent soutenir financièrement de telles initiatives lorsque cela est possible.
- Sensibiliser aux impacts du changement climatique et encourager les bonnes pratiques en termes d’adaptation et d’atténuation: les informations au sujet de l’innovation et des bonnes pratiques dans les domaines de l’adaptation et de l’atténuation à l’échelle locale doivent être partagées et diffusées. Il en va de même pour les informations concernant la façon dont ces deux domaines peuvent se compléter. Cela peut se produire au moyen de programmes plus intégrés au sujet de l’alimentation en énergie renouvelable de communautés exclues, par exemple. Il est important de s’assurer que des principes participatifs à la base sont intégrés dans l’établissement des politiques aux échelles nationale et internationale.
- Renforcer les liens entre les femmes et les hommes à la base et les mécanismes de financement: les ONG et les OSC jouent un rôle-clé en créant des ponts sur le fossé qui sépare les fonds internationaux dédiés au climat et les communautés pauvres qui présentent les besoins les plus importants, mais qui ont la plus faible capacité à accéder à ces fonds. C’est ce que sont parvenues à faire des organisations comme Grameen Shakti au Bangladesh, par exemple, qui a autonomisé des groupes de femmes qui ont créé des coopératives afin d’accéder à ces fonds pour soutenir des programmes de développement à faible intensité de carbone sensibles au genre ayant trait à l‟énergie renouvelable.
- Partager des bonnes pratiques en termes de processus participatifs: les ONG et les OSC ont de nombreuses leçons à partager avec les gouvernements et les agences donatrices quant au rôle des processus participatifs dans la création et la mise en œuvre de politiques et interventions plus efficaces en matière de changement climatique. Il faut désormais se focaliser davantage sur la façon dont une participation accrue peut accroître la collecte de données sur le changement climatique et améliorer la surveillance et l’évaluation des impacts climatiques et des effets des politiques liées au climat.
- S’assurer que les processus participatifs incluent les femmes et les hommes de manière égale: une conception soigneuse est requise pour éviter de reproduire des inégalités de genre dans des processus qui sont sensés être inclusifs. Il est crucial d’être conscient des contraintes potentielles qui pèsent sur les possibilités des femmes à s’impliquer, comme les responsabilités de soins aux enfants et les restrictions culturelles, et de permettre leur implication, par exemple en autorisant les femmes à être accompagnées de leurs enfants aux réunions ou en les tenant à des moments propices. Il faut être conscient des dynamiques de genre lors d’ateliers participatifs et des processus de consultation : par exemple, les membres masculins de la communauté peuvent être plus habitués à exprimer leur opinion et estimer que leur avis prévaut. Il faut également trouver des moyens appropriés pour aborder ces problèmes.
À l’attention des chercheurs.
- Jouer un rôle-clé dans le développement d’une base de preuves démontrant en quoi l’égalité de genre compte dans le changement climatique: cela implique de développer la collecte d’informations désagrégées par sexe, de mener des analyses de genre et sociales plus approfondies et de s’assurer que les résultats qui en découlent éclairent les politiques et interventions relatives au changement climatique. Des travaux de recherche supplémentaires sont requis en matière de différence d’accès des femmes et des hommes aux ressources et à la prise de décision, afin d’informer les responsables politiques et de s’assurer que les programmes sont à la fois plus efficaces et pertinents. Des travaux de recherche plus approfondis sont également requis afin de mettre en avant les causes de l‟aveuglement au genre des systèmes et processus existants.
- Reconnaître la valeur des données qualitatives et améliorer leur collecte: les données quantitatives sont utiles pour comprendre comment le changement climatique affecte les femmes et les hommes aux échelles nationale, régionale et internationale, mais elles sont peu parlantes en termes de causes à l’origine de certaines tendances, comme la malnutrition accrue des femmes dans les zones affectées par le changement climatique. Pour une meilleure compréhension des raisons sociales, économiques et culturelles à l’origine des impacts particuliers et pour identifier des solutions dont bénéficieront les femmes et les hommes souffrant de ces impacts, un travail qualitatif bien plus détaillé est requis, notamment en Asie et en Amérique latine, où il existe d’importantes lacunes en termes d’informations.
- Développer la recherche en matière d’atténuation et de genre: une grande partie de la recherche portant sur genre et changement climatique s’est focalisée sur l’adaptation. Elle fournit très peu d’informations sur les risques et les opportunités de genre des interventions d’atténuation. Des travaux de recherche plus importants sont désormais requis dans le domaine des dimensions de genre des mesures d’atténuation, comme le développement à faible intensité de carbone, et pour étudier les impacts des politiques ou des mécanismes fondés sur le marché sur les relations de genre.
- Effectuer une analyse plus nuancée sur genre et changement climatique: à l’avenir, la recherche sur genre et changement climatique devrait dépasser les questions de vulnérabilité des femmes et se pencher sur les capacités d’action des femmes ainsi que sur l’environnement institutionnel plus large, sur les lois discriminatoires et sur les barrières culturelles qui les excluent de l’égalité en termes de propriété foncière, d’éducation, de sécurité alimentaire et d’approvisionnement en eau ainsi que de services financiers.
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