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Titre de la source : Une analyse critique du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015Auteur(s) : Natalie Raaber
Éditeur(s) : AWID
Pays d'édition : Royaume-Uni
Année : 2012
Une analyse critique du programme de développement des Nations Unies pour l’après-2015
A l’approche de l’échéance de 2015 fixée pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) des Nations Unies – rythmée par de maigres progrès, limités et inégaux – et après une Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) décevante, les Nations Unies présentent un processus visant à définir un nouveau programme de développement mondial au-delà de l’année 2015.
Cet article publié sur AWID propose une analyse critique du processus de développement post-2015 à ce jour, et des informations clés concernant la façon dont les groupes féministes et des droits des femmes s’organisent en vue d’influencer cet important processus.
Début de l’article :
Les éléments de ce nouvel agenda de développement et les objectifs de développement durable(ODD) (ordonnés à l’issue de Rio +20) sont en cours de discussion et de négociation dans un contexte difficile et incertain. La fin de la pauvreté et des inégalités ne sera possible que si nous disposons de ressources supplémentaires et affrontons radicalement les origines de ces crises multiples.
Les conséquences de la crise financière de 2008 s’accumulent : l’impact disproportionné sur certaines femmes en particulier, les graves difficultés que rencontrent les femmes pour subvenir à leurs besoins et l’érosion des droits des femmes persistent. Les réponses à la crise n’ont pas réussi à traiter la cause profonde, à savoir un modèle de développement général qui a échoué d’un point de vue à la fois idéologique et pratique. Les communautés marginalisées continuent d’essuyer les conséquences de la crise et de subir les mesures d’austérité mises en œuvre par les gouvernements, notamment dans le Nord. L’insécurité a augmenté, la protection sociale – lorsqu’elle existait – s’est amoindrie et le chômage (et le sous-emploi) se sont accrus : tout cela a contribué à aggraver la crise de l’emploi décent, qui touche particulièrement les jeunes et les immigrés. Il en résulte une inégalité croissante au sein des pays comme d’un pays à l’autre.
Défis et espoirs pour le programme de développement mondial de l’après-2015
Le contenu, les processus et les possibles effets de ce programme demeurent vagues et ne font pas clairement le lien entre le processus de l’après-2015 et l’élaboration actuelle de politiques. Cela s’inscrit dans un contexte où les Nations Unies sont perçues comme une entité faible bénéficiant d’une crédibilité et de ressources limitées, et à laquelle une réforme significative s’impose pour aborder efficacement les défis les plus pressants de notre époque ; les défenseur-e-s des droits des femmes de nombreuses régions du monde y voient toutefois l’éventuelle possibilité de rénover la mission des Nations Unies à l’égard des pays du Sud, de reformuler le modèle de développement et de faire pression pour un système de développement international et des Nations Unies plus démocratique, responsable et inclusif, qui s’attaquera aux facteurs structurels à l’origine des multiples crises, des inégalités qui se creusent, ainsi que de la pauvreté et de la dégradation de l’environnement.
Bien que les OMD ont mobilisés l’attention mondiale et galvanisés le soutien international en vue de promouvoir le développement, il existe des lacunes manifestes. L’Objectif 3 demandait expressément de promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes ; les OMD ont toutefois globalement échoué à reconnaître que l’égalité de genre n’est pas seulement un objectif en soi, mais aussi un élément indispensable à la réalisation de l’ensemble des objectifs de développement. Formulés pour soutenir un modèle de développement néo-libéral, les objectifs n’appuyaient pas nécessairement les droits des femmes ou des groupes marginalisés – présentant en outre les femmes comme des victimes vulnérables plutôt que comme des agents du changement – et n’analysaient ni n’abordaient les causes profondes du sous-développement.
Un nouveau cadre de développement devra tirer les leçon des OMD, soit remettre en cause fondamentalement les postulats de longue date qui régissent les modèles dominants de développement, et se baser sur les différentes politiques macro-économiques et les différentes façons de comprendre le développement au-delà de la croissance économique. Le développement doit donc lutter contre les injustices du modèle néo-libéral et des sociétés patriarcales, permettre la justice sociale et de genre et s’assurer la durabilité, en concevant les défis auxquels le monde est confronté du point de vue de l’écosystème.
Par ailleurs, les discussions sur l’après-2015 ne peuvent pas être vues indépendamment des autres processus en cours ; les politiques et les cadres qui forgent les possibilités de développement d’un pays et l’avancement des droits humains des femmes font l’objet de débats dans différents espaces. Au sein des Nations Unies, par exemple, la politique de développement est examinée dans le cadre de la révision de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD+20) ; la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) ; la Conférence des Parties (CDP) ; les négociations autour des Objectifs de développement durable et le travail du Forum des Nations Unies sur la coopération au développement, pour n’en citer que quelques uns. Nous avons besoin d’un plaidoyer ferme au niveau national et local qui appelle les États à assumer la responsabilité de la mise en œuvre des accords existants concernant les droits de la personne.
Enfin, les consultations excessives et complexes ne menant pas nécessairement à une participation significative, le succès dépendra donc d’un processus réellement participatif, dans lequel la participation de la société civile ne se résume pas à cocher des cases de consultation, mais plutôt où les voix, les exigences et les décisions diverses sont prises en compte et se reflètent clairement dans les documents alimentant le processus officiel. Lire la suite sur le site d’AWID
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