Ressource
Titre de la source : Faire et défaire le genreAuteur(s) : Judith Butler, Marie Ploux (trad.)
Éditeur(s) : CREART (Centre de Recherche sur l’Art), Ecole Doctorale "Connaissance et Culture" (Conférence donnée le 25 mai 2004 à l’Université de Paris X-Nanterre)
Année : 2004
Faire et défaire le genre (PDF, 169 Ko, 9 p.)
« Si le genre est le mécanisme par lequel la notion de masculin et de féminin est produite et naturalisée, il pourrait tout autant être l’appareillage par lequel ces termes sont déconstruits et dénaturalisés ».
Le document reproduit ci-dessous est la traduction en français du texte de la conférence de Judith Butler (Professeur à l’Université de Californie à Berkeley et auteur de Gender Trouble, 1990) « Faire et défaire le genre » donnée le 25 mai 2004 à l’Université de Paris X-Nanterre, dans le cadre du CREART (Centre de Recherche sur l’Art) et de l’Ecole Doctorale « Connaissance et Culture ».
Début du texte :
« Dire que le genre procède du « faire », qu’il est une sorte de »pratique », [a doing], c’est seulement dire qu’il n’est ni immobilisé dans le temps, ni donné d’avance ; c’est indiquer également qu’il s’accomplit sans cesse, même si la forme qu’il revêt lui donne une apparence de naturel pré-ordonné et déterminé par une loi structurelle.
Si le genre est « fait », « construit », en fonction de certaines normes, ces normes mêmes sont celles qu’il incarne et qui le rendent socialement intelligible. Si, en revanche, les normes de genre sont également celles qui bornent l’humain, c’est-à-dire qu’elles déterminent la manière dont le genre doit être construit afin de conférer à un individu la qualité d’humain, alors les normes de genre et celles qui constituent la personne sont intimement liées. Se conformer à une certaine conception du genre équivaudrait alors précisément à garantir sa propre lisibilité en tant qu’humain. À l’inverse, ne pas s’y conformer risquerait de compromettre cette lisibilité, de la mettre en danger.
Je voudrais ici poser une question normative relativement simple que je formulerai ainsi : que se passe-t-il si l’on « défait » les conceptions normatives et restrictives de la vie sexuelle et genrée ? Il peut arriver qu’une conception normative du genre « défasse », « déconstruise », la « personne » [personhood] et l’empêche, à long terme, de persévérer dans sa quête d’une vie vivable. Il peut aussi arriver qu’en déconstruisant une norme restrictive, on déconstruise du même coup une conception identitaire préalable, pour tout simplement inaugurer une nouvelle identité dont le but sera de s’assurer une meilleure viabilité.
Si le genre est une sorte de pratique, une activité qui s’accomplit sans cesse et en partie sans qu’on le veuille et qu’on le sache, il n’a pour autant rien d’automatique ni de mécanique. Bien au contraire. Il s’agit d’une sorte d’improvisation pratiquée dans un contexte contraignant. De plus, on ne »construit » pas son genre tout seul. On le « construit » toujours avec ou pour autrui, même si cet autrui n’est qu’imaginaire. »
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.