Ressource
Titre de la source : Kit Actu Genre et indicateursAuteur(s) : Annalise Moser
Éditeur(s) : Bridge (Kit Atu Genre et indicateurs )
Pays d'édition : Grande-Bretagne
Année : 2007
Genre et indicateurs : panorama (PDF, 567 Ko, 66 pages)
Les évaluations sensibles au genre sont indispensables pour démontrer la nécessité de s’attaquer réellement aux inégalités entre les hommes et les femmes, améliorer la planification et l’action des spécialistes agissant ou non dans le domaine de l’égalité des genres, et pour pousser les institutions à rendre compte de leurs engagements dans ce domaine. Cependant, les instruments de mesure et les données permettant l’évaluation sont limités et mal utilisés, et il est difficile d’apprécier si les efforts déployés contribuent à la réalisation des objectifs et des engagements en faveur de l’égalité de genre. Ce Panorama s’intéresse aux approches conceptuelles et méthodologiques utilisées pour mesurer les changements dans ce domaine, notamment les indicateurs. Il explore les débats et les bonnes pratiques, des organisations de base aux niveaux internationaux.
Mesurer : quoi et comment ?
Si l’évaluation est souvent perçue comme un exercice technique, la décision de mesurer les progrès en matière d’égalité des genres est politique, car ce domaine est souvent considéré comme une question marginale. La décision de mesurer tel aspect de l’égalité des genres plutôt que tel autre est également politique. Cela reflète généralement les priorités des responsables politiques plutôt que celles des femmes et des hommes censés bénéficier de la politique ou du programme concerné (les « bénéficiaires »). Dans le choix de ce que nous mesurons, nous devons d’abord établir des objectifs et des buts principaux ; puis, en second lieu, identifier les changements nécessaires pour les atteindre ; enfin, en troisième lieu, choisir le type d’indicateurs qui nous permettra une mesure optimale des progrès en direction des changements visés. Il reste ensuite à envisager quelles méthodes d’évaluation utiliser et quel type de données collecter. Les « chiffres bruts » issus des méthodes quantitatives sont cruciaux pour démontrer la nécessité de lutter contre les disparités de genre. Les méthodes qualitatives permettent, quant à elles, un examen plus approfondi des relations hommes-femmes et d’autres problèmes difficilement « mesurables ». La méthodologie idéale réside dans une approche combinée, incorporant des techniques participatives sensibles à la dimension de genre, et veillant à ce que les thèmes d’investigation intéressent et « appartiennent » aux « sujets » de la recherche.
Mesurer l’intégration du genre
De nombreuses agences de développement ont adopté une stratégie d’intégration systématique du genre mais manquent de procédures pour contrôler si les engagements au niveau des politiques se reflètent dans la structure, les procédures et la culture internes d’une organisation et s’ils se retrouvent dans les pratiques de programmation. De nombreuses organisations de développement ont aujourd’hui recours aux audits internes en matière de genre et aux auto-évaluations sexospécifiques pour évaluer des questions comme l’égalité des chances à l’embauche, les horaires variables, les crèches d’entreprise et les capacités techniques du personnel sur les questions de l’égalité des sexes. Pour évaluer le degré d’intégration du genre dans la programmation concrète, notamment sur le terrain, des organisations de développement ont élaboré des tableaux de bord pour mesurer le respect des procédures de genre (analyse selon le genre, planification, allocations de moyens, systèmes d’évaluation).
Plus rares sont les évaluations portant sur l’impact des programmes d’intégration du genre sur leurs bénéficiaires, hommes et femmes. Il peut s’agir d’évaluations qualitatives et de listes de vérifications, telles que celles élaborées par Oxfam et utilisées avec des organisations partenaires, ou d’évaluations de bénéficiaires réparties par genre.
Mesurer la difficulté de mesurer
Certains aspects des inégalités hommes-femmes sont particulièrement difficiles à mesurer. La dimension de genre de la pauvreté et l’émancipation des femmes, par exemple, entrent difficilement dans un concept. D’autres aspects touchent à des sujets sensibles, comme la violence sexospécifique, ou se produisent dans des contextes délicats tels que les conflits armés.
Mesurer la pauvreté selon une perspective de genre requiert toute une gamme d’indicateurs sexospécifiques qui prêtent attention aux relations de pouvoir relatives aux questions de genre au sein du foyer comme aux niveaux sociétaux. Les études sur la « pauvreté de temps » qui permettent de mesurer le travail reproductif non rémunéré des femmes, et les évaluations participatives de la pauvreté sensibles à la dimension de genre sont des approches utiles. Pour mesurer efficacement les avancées en termes d’émancipation des femmes, il est nécessaire de combiner des indicateurs multidimensionnels et de différents niveaux. De nombreuses organisations incorporent des données qualitatives dans leurs évaluations de l’’emancipation des femmes, afin de tenter d’en saisir les complexités. En ce qui concerne la violence sexospécifique, l’intégration de modules ou de listes de contrôle dans les enquêtes ou les services axés sur d’autres thèmes a donné des résultats. Les évaluations de la violence sexospécifique et les dimensions de genre des conflits armés doivent comporter des dispositifs en vue de réduire les risques pour les femmes qui participent aux enquêtes.
Mesures internationales
Les objectifs et indices sexospécifiques internationaux et régionaux sont utiles en ce qu’ils permettent d’établir des comparaisons entre pays en matière d’égalité des genres, et traduisent des données complexes en messages clairs concernant les accomplissements et les écarts en matière d’égalité des genres. Les indicateurs internationaux ont cependant leurs limites. Les données issues des recensements nationaux sont notoirement peu fiables et s’entendre sur les éléments de l’égalité des genres à mesurer et sur la meilleure manière de capturer ces éléments à travers un nombre limité d’indicateurs est un défi continuel.
Parmi les approches novatrices, des efforts ont été déployés pour incorporer une gamme plus large d’indicateurs dans le troisième objectif du millénaire pour le développement (OMD 3) et réviser les éléments d’indicateurs composites tels que l’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) et l’indicateur de la participation des femmes (IPF) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). D’autre part, un travail est en cours pour élaborer de nouveaux indicateurs tels que l’indice des écarts entre les hommes et les femmes du Forum économique mondial, dont la formule intégrant une vaste gamme de dimensions et d’indicateurs et combinant données qualitatives et quantitatives semble prometteuse. L’adaptation d’indicateurs internationaux afin de mieux représenter les écarts entre les genres dans des contextes régionaux spécifiques, les efforts en vue de suivre les engagements des donateurs et des gouvernements en faveur de l’égalité des genres dans le contexte de la nouvelle architecture de l’aide internationale, ainsi que diverses initiatives visant à élaborer des ensembles harmonisés d’indicateurs sexospécifiques, constituent autant de pas importants.
Enfin ce panorama nous invite a quelques recommandations parmi lesquelles la necessite pour les organisations de femmes de collecter, analyser, diffuser et utiliser elles-memes ces données.
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