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Titre de la source : Équité et développement - AbrégéAuteur(s) : Francisco Ferreira, Michael Walton (dir.)
Éditeur(s) : La Banque Mondiale (Rapport sur le développement dans le monde)
Pays d'édition : Etats-Unis
Année : 2006
Équité et développement - Abrégé (PDF, 307 Ko)
Pourquoi peut-on dire que l’équité accompagne obligatoirement la poursuite de la prospérité à long terme ? Dès l’introduction, l’édition 2006 du rapport sur le développement dans le monde plante le décor : elle nous présente deux jeunes sud-africains, nés le même jour de la même année.
L’un des enfants est une fille, noire, née dans une famille pauvre des zones rurales. L’autre est un garçon, blanc, né dans une famille aisée du Cap. Pour l’un des enfants, la probabilité de mourir avant d’atteindre un an est de 7,2 pour-cent, plus de 2 fois celle de l’autre enfant. L’un d’eux a une espérance de vie de 68 ans, 18 ans de plus que celle de l’autre enfant. L’un peut s’attendre à recevoir un enseignement scolaire pendant 12 ans. L’autre pourra s’estimer heureux d’avoir été à l’école un an. Le perdant dans tous les cas est toujours le même : la jeune fille noire.
Les probabilités de réussite pour chacun de ces deux enfants sont fondamentalement différentes dès leur naissance. Ce n’est pas de leur faute. Et cette différence en matière d’opportunités qui leur sont offertes va se traduire par des contributions très différentes au développement de leur pays, l’Afrique du Sud. Ces deux exemples illustrent le thème central du Rapport sur le développement dans le monde de cette année : une situation d’équité, où chacun a la même chance dans la vie, est essentielle à la croissance économique et à la prospérité d’un pays.
Le manque d’équité est une perte pour le pays
Pour l’auteur principal du rapport, M. Francisco Ferreira, si l’équité n’est pas prise en compte, le pays lui-même est le principal perdant. « Lorsque des segments entiers de la population restent en marge du processus de développement, qu’ils ne reçoivent pas une éducation décente, qu’ils n’ont pas d’opportunités d’investissement, que leurs droits de propriété sont bafoués, et qu’ils n’ont pas le même poids politique ni la même capacité à influencer leur gouvernement, ces gens-là vont forcément moins innover et moins investir, on assiste alors à un grand gaspillage du potentiel humain productif de la société. »
Les inégalités à l’échelle mondiale sont énormes
« L’inégalité commence à la naissance, » dit M. Ferreira. « Sur 1.000 bébés américains, 7 vont mourir avant d’avoir atteint 1 an. Mais, au Mali, sur 1.000 bébés, 126 n’atteindront pas 1 an. Et ceux qui survivent, pas seulement au Mali mais dans toute l’Afrique, et dans les pays pauvres d’Asie et d’Amérique latine, courent des risques en matière de nutrition beaucoup plus importants que les enfants nés dans des pays riches. »
Et lorsque les enfants nés dans des pays pauvres ont la chance d’aller à l’école, les conditions d’enseignement dans lesquelles ils seront sont nettement inférieures à celles des enfants d’Europe, du Japon ou des États-Unis.
Combattre la domination par les élites
Le rapport démontre que des inégalités criantes sur les plans politique et économique débouchent sur des systèmes institutionnels et sociaux qui favorisent systématiquement les élites, car ce sont elles, les élites, qui ont le plus d’influence. Pour Ferreira, ce type de circonstances limite fortement le potentiel de croissance d’un pays et sa capacité à réduire la pauvreté.
Des institutions inéquitables imposent des coûts économiques. Elles vont protéger les intérêts de ceux qui détiennent l’influence politique et la fortune, souvent au détriment de la majorité de la population, avec, pour résultat, une société moins efficace. En effet, si les classes moyennes et les pauvres sont incapables d’exploiter leurs talents, la société toute entière perd des occasions d’innover et d’investir.
Comme le souligne le rapport, les effets nuisibles de l’inégalité dans les opportunités offertes, et dans le pouvoir politique se feront d’autant plus sentir que les inégalités économiques, sociales et politiques auront tendance à se perpétuer de génération en génération. Cette situation conduit à ce que le rapport appelle les « pièges à inégalité, où le cycle de la médiocrité se perpétue. »
Rétablir l’équilibre des chances
Pour encourager l’équité dans les pays en développement, le rapport recommande des politiques susceptibles de rétablir des règles du jeu équitables en matière économique et politique, dont les principales mesures seraient les suivantes :
– Investir dans l’humain, en étendant l’accès aux services de santé (depuis la naissance et en ciblant ceux dont les besoins sont les plus criants) ; en permettant à plus d’enfants de fréquenter l’école, et en établissant des filets de sécurité qui protègent les pauvres qui travaillent, ceux qui sont incapables de travailler, et des groupes particulièrement vulnérables.
– Imposer des taxes pour financer l’équité (le rapport préconise une assiette fiscale la plus large possible), vu que la restauration de l’équité dans les règles du jeu va demander suffisamment de ressources.
– Mettre en place des systèmes de justice équitables, et garantir plus d’équité dans l’accès à la terre ; construire des infrastructures en donnant priorité aux besoins des populations et des régions pauvres
– Assurer plus d’égalité dans l’accès aux ressources financières en élargissant les systèmes financiers.
– Encourager l’équité sur le marché de l’emploi, de façon à ce que sur tous les marchés, le travailleur soit protégé, et n’ait pas à souffrir de la discrimination.
Le rapport plaide aussi pour une aide accrue aux travailleurs des pays pauvres pour abolir les obstacles qui s’opposent à leur migration dans des pays plus riches, où ils pourraient gagner plus d’argent.
Selon le rapport, autoriser une migration temporaire plus importante dans les pays de l’OCDE, permettre aux pays en développement d’utiliser des médicaments génériques, et mettre au point des normes financières mieux adaptées aux pays en développement sont également des moyens possibles pour rétablir l’égalité des chances.
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