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Titre de la source : Sexe, « race », classe et mobilité sur le marché du travail néolibéral : hommes en armes et femmes « de services »Auteur(s) : Jules Falquet
Année : 2005
Sexe, « race », classe et mobilité sur le marché du travail néolibéral : hommes en armes et femmes « de services » (PDF, 405 Ko)
Ce texte de Jules Falquet, présenté au colloque de Tanger « Mobilités au féminin » en novembre 2005, analyse les mobilités, forcées ou volontaires, qui redéfinissent le travail mondialisé, sur fond de violence et de militarisation.
Résumé :
Avec la mondialisation néolibérale, on asiste à une transformation du marché du travail. Globalement, on remarque une tendance à (1) la précarisation et l’informalisation, (2) l’internationalisation et l’illégalisation, et enfin (3) la sexualisation et l’ethnicisation. Cet article, qui vise surtout à provoquer la discussion et à susciter des recherches collectives de longue haleine, analyse comme particulièrement caratéristique de l’actuelle évolution de la division sexuelle et internationale du travail, le développement d’une « paire fatale » : l’homme en armes/ la femme « de services », qui devient la principale alternative « d’emploi » pour beaucoup de femmes et d’hommes non-privilégié-e-s de la planète. Pour les hommes, il s’agit de se placer derrière une arme quelconque, pour les femmes, de se consacrer au « care » (travail domestique chez les particuliers ou en entreprise, travail avec les malades, les enfants et les personnes âgées) ou au « travail sexuel » (prostitution et pornographie sous toutes leurs formes).
On analysera aussi le fait que (1) la mobilité volontaire ou forcée ou l’immobilité forcée de chacun-e, (2) le marché du travail ouvert aux un-e-s dépend directement du marché du travail ouvert aux autres. Plus concrètement, on verra que l’emploi des femmes et dans les pays du Sud est étroitement lié à ce qui se passe au Nord et à l’emploi masculin —dans ce cas, à l’existence et au développement des hommes en armes. En effet, les hommes en armes, non seulement créent une demande sur le marché du travail sexuel, mais aussi créent une offre de main d’œuvre, notamment en déstabilisant l’économie et l’organisation familiale et en violant directement et massivement un ensemble de femmes à qui il ne restera guère d’alternatives si elles doivent de surcroît assurer la survie de leur famille dans des pays dévastés.
Enfin, on se demandera dans quelle mesure la violence et la militarisation diffuse mais omniprésente des sociétés néolibérales, où les hommes en armes se multiplient de manière alarmante, entre armées régulières et groupe de sécurité privés, surtout depuis le 11 septembre 2001, ne sont pas des éléments d’encadrement de la dé-régulation du marché du travail, visant à une exploitation accrue de la main d’œuvre grâce à la terreur, au contrôle et à la répression tous azimuts.
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