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Titre de la source : Étude approfondie de toutes les formes de violence à l’égard des femmesAuteur(s) : Secrétariat des Nations Unies (collectif)
Année : 2006
Étude approfondie de toutes les formes de violence à l’égard des femmes (PDF, 864 Ko)
Loin d’être un phénomène privé ou un comportement individuel répréhensible, la violence contre les femmes doit être appréhendée comme un fait social universellement répandu et profondément enraciné dans les relations structurelles d’inégalité entre hommes et femmes. Ce passage du domaine privé à l’attention publique et à la responsabilité de l’Etat s’est opéré en grande partie grâce aux activités menées depuis la base par des organisations et des mouvements de femmes partout dans le monde. En effet, l’interaction entre les activités de plaidoyer des femmes et les initiatives de l’ONU a été l’un des principaux facteurs qui a fait que la violence à l’égard des femmes est devenue une des questions des droits fondamentaux inscrite à l’ordre du jour international.
Dès lors, des instruments juridiques et politiques internationaux ont clarifié les obligations des Etats de prévenir, éradiquer et punir la violence à l’égard des femmes. Mais dans de nombreux pays, ces exigences ne sont pas respectées.
Quelles sont donc les différentes formes de violence contre les femmes ? Comment mieux lutter contre le phénomène et faire en sorte que les Etats respectent leurs engagements à cet égard ? Cette étude détaillée réalisée par les Nations Unies se propose de répondre à ces questions.
Début de l’introduction :
« 1. Violation généralisée des droits de l’homme et obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des sexes, la violence à l’égard des femmes persiste dans tous les pays du monde. Perpétrée par l’État ou ses agents, ou au sein de la famille, ou bien par des étrangers, dans la sphère publique ou privée, en temps de paix ou de guerre, cette violence est inacceptable. Le Secrétaire général a déclaré que « Tant qu’elle perdurera, nous ne pourrons prétendre progresser réellement vers l’égalité, le développement et la paix ».
2. Les États ont l’obligation de protéger les femmes contre la violence, de faire répondre les coupables de leurs actes et d’assurer justice et réparation aux victimes. L’élimination de la violence à l’égard des femmes demeure l’un des enjeux les plus préoccupants de notre époque. Il importe d’utiliser plus systématiquement et plus efficacement les connaissances accumulées et les outils élaborés lors de la décennie écoulée visant à prévenir et éliminer la violence à l’égard des femmes pour mettre un terme à toutes les formes de violence dont elles sont victimes. Cela passe par une volonté politique claire et un engagement sincère, visible et sans faille aux plus hauts niveaux de la hiérarchie de l’État, de même que par la détermination, la mobilisation et l’action concrète des individus et des populations.
3. Les États, les entités du système des Nations Unies, les ONG, les groupes et réseaux de défense des femmes, ainsi que les chercheurs ont déjà déployé de gros efforts pour lutter contre la violence masculine à l’égard des femmes. Les travaux approfondis entrepris par différents acteurs à plusieurs niveaux ont permis de mieux saisir la nature et l’ampleur de la violence à l’égard des femmes et d’apprécier son incidence sur celles-ci et les sociétés. Les cadres juridiques et principes directeurs internationaux mis en place pour y faire face couvrent de multiples formes et types de cette violence, aussi bien dans la sphère publique que privée.
4. Parallèlement, il reste beaucoup à faire pour instaurer un environnement préservant les femmes de la violence sexiste.1 Les progrès réalisés dans l’élaboration de politiques, règles et normes juridiques internationales n’ont pas été accompagnés d’avancées comparables dans leur application au niveau national, laquelle demeure insuffisante et incohérente dans toutes les régions du monde. De même, le volume des données sur la nature, la prévalence et l’incidence de toutes les formes de violence à l’égard des femmes a augmenté considérablement au cours des dernières années, mais l’information ainsi recueillie demeure toujours incomplète. L’insuffisance des ressources consacrées à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et l’incapacité d’instaurer et de maintenir un environnement politique et social ne tolérant pas cette violence traduisent un manque de volonté politique. Il importe également d’associer plus efficacement les hommes à l’action de prévention et d’élimination de cette violence, et de s’attaquer aux stéréotypes et attitudes qui perpétuent la violence masculine à l’égard des femmes.
5. L’Assemblée générale des Nations Unies a véritablement joué un rôle de premier plan dans le mouvement mondial de lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Sa déclaration historique sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (résolution 48/104) sert de cadre national et international d’analyse et d’action. Ces dernières années, l’Assemblée générale s’est penchée sur la violence à l’égard des femmes en général, ainsi que sur ses formes et manifestations particulières. Celles-ci sont notamment la violence à l’égard des travailleuses migrantes; la traite des femmes et des filles; les pratiques traditionnelles ou coutumières préjudiciables à la santé des femmes et des filles; les crimes d’honneur commis contre les femmes; et la violence familiale à l’égard des femmes.
6. C’est en décembre 2003 que l’Assemblée générale, dans sa résolution 58/185, a demandé pour la première fois que soit réalisée une étude approfondie de toutes les formes et manifestations de la violence à l’égard des femmes. Cette demande témoigne à l’évidence de l’importance que les États Membres – par l’intermédiaire de l’Assemblée générale – attachent à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
7. En particulier, l’étude vise à : souligner la persistance et l’inadmissibilité de toutes les formes de violence à l’égard des femmes dans toutes les parties du monde; raffermir la volonté politique de toutes les parties prenantes et conjuguer leurs efforts en vue de prévenir et d’éliminer la violence à l’égard des femmes; et définir les approches et moyens permettant aux États de respecter plus durablement et plus efficacement les engagements qu’ils ont contractés dans la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et de mieux s’acquitter de leurs obligations de rendre compte. »
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