Ressource
Titre de la source : Les femmes et les APEAuteur(s) : Massan d'Almeida
Éditeur(s) : AWID
Pays d'édition : Royaume-Uni
Année : 2008
Les femmes et les APE (PDF, 89 Ko)
Qu’est-ce, au juste, que les Accords de Partenariat Économiques (APE) ? Comment fonctionnent-ils, et quels sont leurs conséquences sur les rapports de genre ?
Les Accords de Partenariat Economiques (APE) sont un nouvel instrument de coopération multilatérale entre l’Union Européenne (UE) et les pays ACP (Afrique Caraïbe Pacifique) censé prendre le relais des accords de Cotonou qui accordaient aux pays ACP, un régime dérogatoire au principe de libre échange et des préférences commerciales. Cet article de Massan d’Almeida publié sur AWID permet de mieux comprendre ce nouvel instrument de la coopération et ses effets genrés.
Début de l’article :
« I/ Les APE : Qu’est-ce que c’est ?
Les APE visent à reformer les économies des pays ACP pour créer des conditions propices au développement avec l’aide appropriée de l’UE. Accords plus compatibles avec les règles de l’OMC, les APE, devraient remplacer les accords commerciaux préférentiels qui existaient entre l’Europe et ses anciennes colonies et qui arrivent à expiration le 31 décembre 2007. Les négociations sur les APE rassembleraient les pays ACP en blocs géographiques qui uniraient leurs forces pour promouvoir la coopération et l’intégration régionale dans l’ultime but d’éradiquer la pauvreté. (2)
« Dans le cadre des APE, les pays ACP ont été divisés en six régions (quatre en Afrique, d’ailleurs arbitrairement définies, une aux Caraïbes, une concernant le Pacifique) (3) dont chacune doit signer un accord de libre échange avec l’Union européenne. Chaque région est aussi encouragée à finaliser sa propre union douanière. Ce dernier point est plutôt intéressant parce qu’il promeut une plus grande intégration économique. Seulement, l’Europe précipite un peu les choses quand on connaît le niveau d’intégration actuel des économies africaines. En somme, les APE prévoient la libéralisation de 90% des échanges entre l’UE et les pays ACP : 100% du marché européen sera ouvert contre 80% de celui des ACP. Les Etats ACP pourront par conséquent protéger 20% de leur marché en désignant des « produits sensibles ». Ce qui soulève de grandes discussions sur les secteurs à protéger compte tenu de la faible marge de manœuvre que laisse ce chiffre. La priorité devrait aller, entre autres, aux industries naissantes – comme la petite industrie agro-alimentaire de transformation – nécessaires à leur développement. L’autre problème, c’est que la libéralisation va occasionner une baisse des recettes douanières des Etats africains. Des recettes qui ont un poids important dans leurs budgets. Même si l’Union européenne propose des mécanismes de compensation, ils ne suffiront pas à combler ces pertes de ressources. (4)
Lors de la conception des APE, l’objectif était d’établir un régime commercial favorable au développement qui permettrait aux pays ACP d’être compétitifs dans l’économie mondiale. Mais ce qui semblait être de loin une proposition alléchante et promotrice, semble être de près selon les actrices-eurs de la société civile un nouveau piège.
II/ Conséquences des APE
L’UE, à travers les APE, met la pression sur les pays pauvres et faibles à libéraliser de manière accélérée leurs économies vulnérables indéfiniment, ce qui étoufferait sans nul doute les industries naissantes. Les économies africaines ne sont pas compétitives dans le commerce international et parfois sur leur propre marché. Cette situation pourra s’aggraver avec les APE qui favoriseront une déferlante de produits européens, moins chers et souvent de meilleure qualité, sur les marchés des pays ACP. Par exemple, Oxfam France a démontré en 2004 comment les exportations européennes de volailles avaient été catastrophiques pour les producteurs en Afrique de l’Ouest. On risque de se retrouver dans une situation similaire dans plusieurs secteurs (4). Une autre étude a montré que si on mettait en œuvre les APE, en 2035, les exportations européennes vers les pays ACP enregistreraient une hausse de 29,4 milliards d’euros, alors que les exportations ACP en direction de l’UE n’augmenteraient que de 6,5 milliards d’euros (5). Même si dans la réalité cela ne se vérifie qu’en partie, il nous donne quand même une idée sur le type de développement qu’on nous fait miroiter. » Lire la suite sur le site d’AWID
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