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Titre de la source : Réflexion sur l’introduction des lois islamiques relatives à l’individu dans le domaine public : Cas de figure observés en TanzanieAuteur(s) : Salma Maoulidi
Année : 2006
Réflexion sur l’introduction des lois islamiques relatives à l’individu dans le domaine public : Cas de figure observés en Tanzanie (PDF, 114 Ko)
Comment les normes civiles et religieuses interagissent-elles ? Quelles sont les conséquences de cette pluralité juridique/normative sur le respects des droits humains, et en particulier sur les droits des femmes ?
Cet article de Salma Maoulidi présente trois cas de figure concrets illustrant certains des dilemmes auxquels sont confrontées les femmes dans les contextes pluralistes dans lesquels les principes de la Charia leur sont appliqués. Après avoir mis en perspective le débat sur les réformes sur les lois individuelles sur le territoire Tanzanien continental, il exposera trois études de cas soulignant les contradictions découlant de l’application de systèmes juridiques doubles, ainsi que les différentes mesures d’application de la justice.
Les femmes et les militants des droits humains revendiquent l’égalité des sexes ; cet article, quant à lui, s’appuie sur la notion de citoyenneté pour démontrer l’incidence des violations institutionnelles dont font l’objet les droits citoyens des femmes. Il illustre notamment la façon dont le changement d’identité des femmes affecte leur statut civique d’épouses (et donc de membre d’un foyer souverain), de membres de leur communauté culturelle ou religieuse, ou de citoyennes d’une nation souveraine.
Début de l’article :
« De manière générale, l’analyse de la question féminine relève tout autant du domaine privé que du domaine public, au sein duquel quiconque, individu ou groupe, s’inscrit en tant qu’« autrui ». Il s’agit donc là d’une question d’intérêt général sujette à l’opinion publique et dans le cadre de laquelle les relations humaines sont prescrites par une forme d’autorité publique, principalement l’État. Ceci sous-entend une notion de similitude ou d’uniformité en matière de traitement ou d’application des lois entre les groupes et les individus d’une entité collective. Le domaine privé, quant à lui, est, comme son nom l’indique, soumis à une influence privée et dénuée de toute interférence publique. Porté sur l’unicité, il permet à l’individu de se distinguer de la collectivité.
Ces deux domaines sont invariablement contestés, tout particulièrement dans les contextes de pluralisme et d’intégration. Des tensions ont récemment pu être observées au sein des structures globales et nationales dans lesquelles certains groupes clamant leur individualité sur des bases religieuses, linguistiques ou ethniques cherchaient à limiter l’accès universel. Tel est le fait de certains groupes islamistes affichant une incroyable capacité à revendiquer l’un ou l’autre de ces domaines selon l’opportunité politique du moment. Les nations ainsi que les communautés musulmanes font régulièrement exception à un certain nombre d’instruments de défense des droits humains au nom d’un relativisme culturel. Ils refusent toutefois de reconnaître ces mêmes droits aux non musulmans vivant à l’intérieur de leurs frontières ou aux musulmans vivant dans des contextes non musulmans.
On peut observer à l’heure actuelle une tendance de plus en plus prononcée à la revendication d’une identité islamique, symboliquement représentée par l’adoption d’« écoles islamiques », de « vêtements islamiques » ou de « nourriture islamique ». Le développement de cette dite « identité islamique » ne fait qu’amplifier la contestation de l’espace privé/public. Il s’agit là d’une revendication pour la défense de l’individualisme, mais également pour la protection de l’espace permettant d’exprimer ce même individualisme, sans aucune interférence de l’État, ni contrôle public. Il cherche avant tout à privatiser le débat sur l’existence. Certains ont beau justifier une attitude aussi intransigeante comme une réponse au sentiment de vulnérabilité que ressentent les musulmans dans le contexte de mondialisation actuel et, plus récemment, face à la guerre contre le terrorisme, il n’en est pas moins une ruse politique destinée à préserver l’individuel et le privé sous le joug d’une interférence extérieure. »
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