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Titre de la source : "Les groupes opprimés en disent beaucoup sur une société"Auteur(s) : Pinar Selek, Propos recueillis par Piotr Malewski
Éditeur(s) : Altermondes (n°30)
Année : 2012
"Les groupes opprimés en disent beaucoup sur une société". Entretien avec Pinar Selek (PDF, 672 Ko)
La sociologue turque Pinar Selek, co-fondatrice de l’association féministe Amargi, poursuivie à plusieurs reprises par la justice turque et pas encore définitivement acquittée, a fait des droits des minorités et des opprimés son combat, dans l’Altermondes n°30 du mois de juin 2012.
Elle est l’une des leader féministes, anti-militariste et défenseuse de la paix en Turquie. Elle a construit sa vie professionnelle et privée autour de l’adage « la pratique est la base de la théorie ». Née en 1971 à Istanbul, elle est diplômée du lycée Notre Dame de Sion et a obtenu le titre d’étudiant honoraire du département de sociologie, à l’Université Mimar Sinan. En 1996, son ouvrage Ya Basta – Artik Yeter (Assez) centré sur le mouvement indigène de Mexico est sorti chez Belge Publishing. Elle a fait publier sa thèse sous le titre Masks, Cavaliers, Gacis – Ülker Street : A Place of Marginalization (la rue Ülker ; un espace de marginalisation) (1ère édition : 2001, Aykiri Publishing, 2ème édition : 2007, Istiklal Publishing).
Pinar Selek a voué sa vie à la dénonciation de la guerre et à une lutte active contre toutes formes de violence. Elle a participé à de nombreuses conférences, workshops et séminaires sur le genre, le militarisme, la violence, l’écologie, les médias, les enfants des rues et divers groupes sociaux marginalisés.
En 2001, elle est devenue l’une des fondatrices d’Amargi Women Co-Op et a organisé dans ce cadre des rencontres de femmes à Diyarbakir, istanbul, Batman et Konya. Elle travaille activement au sein d’Amargi et depuis 2006, participe à l’édition du journal féministe de l’association en tant qu’éditrice et coordinatrice. Elle a également participé à la création, en 2008, de la première librairie féministe de Turquie portée par Amargi. Elle a ainsi coordonné les rencontres de femmes écrivaines et lectrices « Quelles portes nos expériences ouvrent-elles ? ».
Pinar Selek était sur le point de finir son étude sur les conséquences de la guerre civile en Turquie qui a tant affaibli le pays, a coûté de nombreuses vies humaines et de chagrin, lorsqu’elle fut victime d’un complot faisant d’elle l’instigatrice d’un attentat à la bombe dans le marché aux épices d’Istanbul. Elle passa deux ans et demi en prison et onze années devant les tribunaux. Acquittée deux fois, elle doit pourtant encore contrer les attaques et les insultes. Elle s’est battue avec la seule arme qu’elle connaisse ; c’est-à-dire en diffusant son savoir, ses expériences et son amour pour la vie.
Depuis cette accusation, et encore aujourd’hui, la lutte de Pinar Selek et de ses partisans continue et ce n’est pas moins de 4300 personnes qui lui ont apporté leur soutien. Des intellectuelles tels qu’Orhan Pamuk et Yaiar Kemal, des écrivains, des comédiens, des journalistes, des juristes, des universitaires et des militants ainsi que toutes les femmes ont exprimé leur solidarité en portant un message commun « nous sommes témoins de la posture non violente de Pinar Selek ».
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