Ressource
Titre de la source : Les pratiques des mutilations génitales féminines à Djibouti : une « affaire des femmes » entre les mains des hommes.Auteur(s) : Séverine Carillon, Véronique Petit
Pays d'édition : France
Année : 2009
http://www.intact-network.net/intactfr/cp/files/12... (PDF, 17 pages)
Les mutilations génitales féminines à Djibouti sont communément considérées comme une « affaire des femmes ». Elles relèguent dans la sphère féminine à la fois la pratique des mutilations génitales féminines et la lutte contre ces mêmes pratiques. Il est surprenant de parler d’une affaire exclusivement féminine dans une société patriarcale où les hommes exercent autorité et pouvoir. Dans la société djiboutienne, les hommes, en tant que père et chef de famille, sont au cœur des décisions au sein de la cellule familiale. Ils organisent la circulation des femmes dans leurs communautés et ainsi ont le pouvoir de contrôler leur sexualité et leur fécondité.
L’enquête, à travers une démarche anthropologique compréhensive, nous parle de la mobilisation contre les pratiques des mutilations génitales féminines, qui connaissent une forte prévalence malgré l’interdiction, de la signification de l’invisibilité des hommes, et de l’omniprésence des hommes et ses limites.
Ne pas intervenir dans les champs des mutilations génitales féminines a permet aux hommes de faire de leur domination un sujet de débat public dans une société ou ils convient de garder les apparences sauves. En s’impliquant dans la lutte contre les MGF les femmes glissent du statut de victime à celui de citoyennes engagées.
La faiblesse de s’engagement peut également s’expliquer par le refus de remettre en cause les frontières établies entre sphère féminines et masculine.
Cette lutte apparait alors comme le moyen pour elles de s’impliquer dans la vie sociale et politique de leur société de s’affirmer et d’investir l’espace publique. Cependant si cette lutte permet aux femmes d’accéder à une reconnaissance sociale, elle ne subvertit pas la hiérarchie des sexes. Au contraire, en s’impliquant seule, les femmes se heurtent aux limites de ce monopole.
Si l’absence des hommes est assumée et revendiquée, il n’en reste pas moins apparent. Car les hommes dissimules dans les coulisses de la scène, assurent une omniprésence symbolique visant à maintenir leur pouvoir.
En réintégrant la domination masculine dans le traitement des mutilations génitales féminines, chercheuses et politiques iront plus loin dans la compréhension d’une pratique qui, avant d’être un problème de santé publique, est fondatrice de l’identité féminine et des rapports de genre.
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