Les femmes dans l’exercice de leurs responsabilités politiques en Afrique de l’Ouest

Quelles sont les particularités de la mobilisation politique des femmes en Afrique de l’Ouest ? Comment exercent-elles leurs responsabilités politiques ? Sur quels enjeux se positionnent-elles ? Cette communication a été élaborée par Fatou Sow (CNRS, France/IFAN, Sénégal), à Dakar le 3 mars 2005, en prélude à la Journée internationale de la femme 2005, avec le Centre canadien de Recherches pour le Développement International.

Dans cette communication, Fatou Sow situe d’abord le contexte de la mobilisation politique en Afrique de l’Ouest et définit les espaces dans lesquels les femmes se mobilisent. Les questions dans lesquelles elles ont engagé leurs responsabilités politiques et, bien sûr, les difficultés rencontrées et les succès obtenus sont ensuite abordés.

Introduction :

« Ces trente dernières années (1975-2005) ont représenté, pour les Africaines, en général, et pour les Africaines de l’Ouest, en particulier, des années de formidables défis, à tous les niveaux. D’une presque timide apparition à la première Conférence mondiale des femmes à Mexico, en 1975, alors que la situation et le destin de la majorité d’entre elles étaient au cœur des débats sur la femme rurale pauvre, elles seront en force à Beijing, 10 ans plus tard. Et face aux discours forts des féministes de tous horizons, elles feront entendre leurs voix enrichies de leurs propres analyses de leurs conditions det de leurs priorités d’Africaines, de femmes du Sud, appartenant au monde en développement, dans un contexte de division parfaitement inégalitaire du travail et de mondialisation. On leur doit, entre autres, l’introduction de la question des petites filles dans le débat féministe international sur les droits des femmes, au même titre que les adultes.

Il est évident que cette présentation ne saurait faire le bilan de trente ans de luttes féminines en Afrique, et d’en évaluer les avancées et les reculs, les succès et les échecs, ld’évoquer toutes les questions qui plaisent et sont récupérées par le politique et celles qui fâchent et souvent tues par les femmes elles-mêmes. Ce sera sans doute l’objet de débats (peut-être) houleux, lors de l’évaluation mondiale de Beijing+10, en mars 2005. Les débats le seront certainement face aux dangers multiples que représenterait la réouverture des négociations des droits acquis durant deux décennies mondiales des femmes et confirmés à Beijing. L’engagement majeur des femmes à cette rencontre sera de préserver les droits acquis au niveau politique et économique; il s’agira de sauvegarder ceux relatifs à leurs droits sexuels et reproductifs, à leur intégrité physique mis en danger par les forces conservatrices émergentes en politique et le gag rule de l’administration républicaine américaine. Il s’agira également de discuter de l’impact des politiques macro-économiques néolibérales sur les femmes dans le monde, notamment le Tiers monde.

La responsabilité politique des femmes dont nous discutons ici est surtout celle qui joue sur la transformation des rapports qu’elles entretiennent avec leur environnement social et culturel. Si l’engagement politique de tout individu est de transformer son environnement en fonction d’objectifs et d’intérêts précis, les femmes auront retenu, des débats et des leçons de ces trente dernières années, qu’elles seules peuvent faire avancer leur droit à la citoyenneté et à l’égalité. C’est cette entrée que je vais emprunter pour nous aider à réfléchir sur les femmes dans l’exercice de leurs responsabilités politiques en Afrique de l’Ouest. Cette entrée était celle de ma contribution sur la mobilisation politique des femmes de cette région, dans un ouvrage collectif de UNRISD sur l’analyse de la situation des femmes dans le monde, dix ans après Beijing.

Dans cette communication, je voudrai d’abord situer le contexte de cette mobilisation politique et définir les espaces dans lesquels les femmes se mobilisent. Nous discuterons ensuite des questions dans lesquelles elles ont engagé leurs responsabilités politiques et, bien sûr, les difficultés rencontrées et les succès obtenus. »

Plan de la communication :

1. Le contexte : Une théâtralisation de la scène politique africaine
2. Les espaces de la mobilisation politique des femmes
3. Les questions et les enjeux de la mobilisation politique des femmes